Troisième numéro de la revue Sur le ring, consacré à la Catalogne avec un état des lieux de la stimulante scène catalane ainsi qu’un focus sur la Sala Beckett de Barcelone et le rôle des traducteurs et traductrices dans ses productions.
Un dossier coordonné par Laurent Gallardo.
Sommaire
Écritures dramatiques et pratiques scéniques – une vitalité saisissante par Laurent Gallardo
La Catalogne, où la question de la langue se pose nécessairement, porte dans son paysage théâtral sa spécificité linguistique et territoriale. Marquée par une identité culturelle forte et tournée vers le monde, la scène catalane est en constante ébullition. Depuis plusieurs décennies, les auteurs et les autrices dramatiques ne cessent d’explorer de nouvelles voies théâtrales pour dire les maux de nos sociétés occidentales…
Le cas la Sala Beckett « Les traducteurs ont une maîtrise parfaite du langage scénique », par Laurent Gallardo avec la complicité de Toni Casares
Si la traduction théâtrale a pris une place importante dans la programmation des salles de spectacle catalanes, le statut des traducteurs et des traductrices reste encore à définir. Bien qu’ils accompagnent le processus de création – ils viennent eux-mêmes du plateau –, ils n’interviennent que rarement dans le choix des textes…
Le continent africain est riche d’une multitude de langues, qu’elles soient vernaculaires ou véhiculaires, issues ou non de la colonisation. Parallèlement au français, le théâtre et les textes pour la parole s’écrivent en anglais, en portugais, en afrikaans, en arabe, en italien, en espagnol, en wolof, en yoruba, en swahili ou kiswahili, en amharique ou autres idiomes.
Cette table-ronde analyse la place de la traduction dans le domaine théâtral et littéraire en général et tente de répondre à quelques interrogations liées à ce processus : quelle est l’histoire de la traduction sur le continent africain pendant la colonisation et après les Indépendances ? Quels sont les mécanismes de domination inhérents à la traduction mais aussi ceux qui se mettent en œuvre en réparation de la violence commise ? Comment traduire des langues issues d’un métissage culturel ? Que traduit-on, et pour qui ? En traduisant, que transmet-on ?
La réflexion sur la traduction des textes dramatiques se prolongera lors des rencontres d’été de La Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon, avec la Biennale de la traduction du 20 au 24 juillet.
Avec Tiphaine Samoyault, directrice d’études de l’EHESS, directrice du Centre de recherches sur les arts et le langage, autrice de Traduction et violence (Seuil, 2020), Marie-Amélie Robilliard, traductrice, Isabelle Famchon, traductrice, Sika Fakambi, traductrice, directrice de la collection corp/us (éd. Isabelle Sauvage). Rencontre animée par Laurent Muhleisen, directeur artistique de la Maison Antoine Vitez.
Rencontre enregistrée le 25 mars 2023, à visionner ici.
Pour sa 19e édition, Textes sans frontières a mis les Balkans à l’honneur. Du 3 au 18 décembre 2022, quatre textes dramatiques d’auteurs et d’autrices venus de Bosnie, Croatie, Kosovo et Serbie, ont été mis en voix et présentés dans les salles de spectacle de la Grande Région (Lorraine et Luxembourg).
Le second numéro de Sur le ring poursuit l’exploration de ces dramaturgies du sud-est européens à travers une série d’entretiens, ainsi qu’un panorama des écritures dramatiques contemporaines de Bosnie, Croatie et Serbie.
Dossier coordonné par Karine Samardžija.
Sommaire
Bosnie, Croatie, Serbie - panorama des scènes contemporaines par Karine Samardžija
Croatie - une scène indépendante en ébullition : focus sur le Kunst Teatar, scène indépendante à Zagreb, dirigée par la productrice Romana Brajša, le metteur en scène Ivan Planinić et l’acteur Domagoj Janković
Serbie - un théâtre engagé : entretien avec le metteur en scène Andrej Nosov, directeur de la fondation Heartefact qui tente de (re)tisser les liens entre les artistes de Bosnie, de Croatie, de Serbie et du Kosovo
Bosnie - entretien avec la metteuse en scène Selma Spahić (à paraître)
Les Zébrures du printemps s’affirment comme lieu et temps de découverte des écritures accompagnées par Les Francophonies – Des écritures à la scène. Tout au long de l’année, elles proposent des résidences pour les autrices et auteurs et organise un festival en mars. Les Zébrures et la MAV s’associent pour une journée de lectures et rencontre, le samedi 25 mars.
Au programme :
14h30 Lecture de Les Vivants, le mort et le poisson frit
d’Ondjaki
traduit du portugais (Angola) par Victor de Oliveira et Marie-Amélie Robilliard
lecture dirigée par Lara Borić avec les élèves de la Séquence 11 de l’École supérieure de théâtre de l’Union
15h30 Rencontre "La traduction des dramaturgies du continent africain"
Avec Tiphaine Samoyault, autrice de Traduction et Violence (Seuil, 2020) ; Marie-Amélie Robilliard, traductrice ; Isabelle Famchon, traductrice ; Sika Fakambi, traductrice.
Rencontre animée par Laurent Muhleisen.
17h30 Lecture de L’Obscurité
de Nick Makoha
traduit de l’anglais (Ouganda) par Isabelle Famchon
Lecture dirigée par Thomas Visonneau avec les élèves de la Séquence 11 de l’École supérieure de théâtre de l’Union.
Traduit du catalan par Laurent Gallardo.
Mise en scène par Anne Bisang.
Still Life imagine la rencontre entre deux icônes hollywoodiennes, Marylin Monroe et Hedy Lamarr. Des actrices qui ont incarné, chacune à son époque, un idéal de la beauté féminine – la pin-up blonde et naïve, la brune mystérieuse et délurée. Victimes toutes les deux des canons de beauté et des injonctions patriarcales qui nient l’intelligence des femmes, elles (se) racontent ce que le monde n’a pas voulu voir d’elles. Le temps de deux soirées, les actrices nous amènent au-delà du rideau de strass camouflant leurs vies cabossées, dans l’envers du décor hollywoodien, celui du regard des hommes, de l’objectification des corps et du fracas retentissant des rêves de celluloïd.
Dans une économie du livre de plus en plus fragile, et dans un souci d’ouverture au plus grand nombre, les Cahiers de la Maison Antoine Vitez prennent une nouvelle forme. Désormais, l’aventure collective se poursuit Sur le ring !
Fidèle à l’esprit des Cahiers, la revue en ligne offre une tribune à celles et ceux qui désirent creuser la réflexion sur les enjeux et les pratiques de la traduction théâtrale.
Pourquoi ce nom ? Parce que, comme nous l’a fait remarquer un jour une lectrice attentive de nos travaux, « la traduction aussi est un sport de combat ».
Premier numéro
Dramaturgies portugaises contemporaines :
« Un pied de nez au lyrisme et à l’insularité »
Entretien avec deux auteurs et dramaturges portugais : Rui Pina Coelho et Jacinto Lucas Pires. Propos recueillis et traduits par Marie-Amélie Robilliard, avec la collaboration de Thomas Resendes.
Bienvenu à toutes et tous sur le ring !
Traduit de l'anglais (Australie) par Dominique Hollier.
Mise en scène de Tommy Milliot.
Dans une ferme reculée d’Australie, une mère et ses deux filles viennent de se débarrasser de leur mari et père violent. Au fil de ce conte noir, drôle malgré l’horreur de la situation, on les observe se débattre entre des sentiments contradictoires. Au-delà du cheminement intérieur vers une libération se pose une question terriblement prosaïque : « Que faire du corps ? ». Des gens du voisinage viennent tour à tour aux nouvelles, la tension monte et l’urgence de trouver une solution rythme les scènes. La pièce joue ainsi sur le fil du suspense pour jeter un regard cru sur l’inaction face aux violences domestiques. Car le fond du problème est là : tout le monde savait, personne n’a rien fait.
Texte disponible aux Éditions Théâtrales.
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Maud Flank.
Lumières blanches intermittentes est une trilogie centrée sur la route, dont la trame déroulée à travers les paysages génère une corrélation entre l'intériorité des personnages et l'environnement. Au-delà de cette thématique commune, les textes partagent un langage où s’entremêlent dramaturgie et poésie. Chaque protagoniste est mis en scène dans sa contemplation exhaustive du monde environnant : la théâtralité de l’observation et celle du monde intérieur vont de pair avec la dramaturgie de l’inaction, et la narration des émotions. L’autrice parle elle-même des états suscités par le voyage, de l’intrinsèque lié à la traversée du voyage. Cet état d’instabilité demeure la thématique au cœur de la création. Pour elle, la construction de l’identité est liée au relativisme de l’existence, à sa non permanence et son ancrage dans la situation spatio‑temporelle.
Lectures d’extraits, rencontre avec l’autrice et la traductrice : le 23 novembre à La Baignoire, Montpellier.
Les auteurs et autrices de cette sélection sont jeunes, voire très jeunes, et presqu’aucun n’a vraiment connu la Yougoslavie. Dès lors, qu’est-ce qui rassemble le Croate Espi Tomičić, la Serbe Iva Brdar, la Kosovare Doruntina Basha et le Bosniaque Adnan Lugonić ? En regard de ces quatre textes dramatiques, il apparaît que les scènes croates, serbes, bosniaques ou kosovares, malgré leur héritage institutionnel et culturel commun, ne s’inscrivent pas dans la même recherche formelle et esthétique. Les quatre auteurs sélectionnés pour cette nouvelle édition proposent un paysage théâtral radicalement éclectique, et portent en eux la spécificité d’un territoire.
« Puissent nos voix résonner
d'Adnan Lugonić
traduit du bosniaque par Karine Samardžija
« Le Doigt
de Doruntina Basha
traduit de l'albanais (Kosovo) par Evelyne Noygues et Arben Selimi
« Les géraniums ne meurent jamais
d'Iva Brdar
traduit du serbe par Tiana Krivokapic
« N'oublie pas de te couvrir les pieds
d'Espi Tomičić
traduit du croate par Karine Samardžija
Traduit de l'anglais (Australie) par Dominique Hollier.
Dans une ferme isolée, une mère et ses deux filles viennent de mettre fin à leur calvaire en tuant leur mari et père. Confrontées au problème de ce corps qu’il faudra bien faire disparaître, elles connaîtront tour à tour satisfaction, exaltation, puis sidération, culpabilité, peur et enfin libération.
Au fur et à mesure des visites qu’elles reçoivent, on frémit avec elles que leur crime soit découvert. Mais chaque visiteur, faisant mine d’ignorer la présence du cadavre, donne conseils et avis pour s’en débarrasser.
Ces trois femmes prennent en charge le récit, tout en incarnant leur propre rôle ou les autres personnages selon les besoins. L’Australien Angus Cerini livre une fable noire sur le laissez-faire des violences sexuelles et domestiques, un conte sans pitié qui renoue avec le mythe, dans une langue rythmée et concise, grâce à une traduction au plus près de l’écriture.