Tu peux regarder la caméra ?

de Mohammad Al Attar

Traduit de l'arabe par Leyla Rabih et Jumana Al-Yasiri

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Syrie
  • Titre original : Tu peux regarder la caméra ?
  • Date d'écriture : 2012
  • Date de traduction : 2015

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : Dix-neuf tableaux de longueurs diverses (scènes dialoguées ou interviews vidéos).
  • Décors : Un appartement reconverti en studio à Damas en 2011.
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 3 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 1h45
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

Témoigner à défaut de pouvoir s’engager directement.
Damas, automne 2011. Le soulèvement syrien a quelques mois et se heurte à une répression brutale. Noura, jeune femme issue d’une famille assez privilégiée, entreprend de collecter des témoignages de manifestants arrêtés par le régime de Bachar Al Assad et enregistre le récit de leur détention. A défaut de pouvoir s’engager directement, elle voudrait que cette démarche documentaire soit sa contribution à la révolution en cours : il faut que les gens « sachent ». Mais que veut dire « documenter » dans une telle situation ? Les interviews et les récits personnels qu’elle récolte lui demandent un engagement plus important que celui qu’elle avait imaginé. A travers le prisme de la caméra, la frontière entre le témoignage et le récit se brouille.

Regard du traducteur

Ce texte se penche sur une démarche documentaire, démarche de plus en plus répandue parmi les créateurs syriens face aux évènements, mais son intérêt dépasse de loin l’aspect documentaire. Dans son envie de témoigner, Noura est confrontée à une dissymétrie d’expérience ; elle ne peut que transmettre ce que d’autres ont vécu. C’est seulement une fois arrêtée elle aussi qu’elle pourra affirmer à son frère qu’il est impossible pour un peuple de revenir en arrière. Au fil des entretiens, les ex-détenus déplient leur besoin de témoigner en même temps qu’ils interrogent le bénéfice qu’ils tirent de ces récits, parfois douloureux. La force cathartique du théâtre fait ici levier et donne à ce texte une dimension particulière : le récit, la mise en doute des propos, la répétition et la réinvention du récit sont autant de moyens qui permettent de mettre à distance l’expérience traumatique. Le théâtre est ici espace de liberté mais aussi de libération.