Écriture

  • Pays d'origine : Portugal
  • Titre original : Sagrada Família
  • Date d'écriture : 2010
  • Date de traduction : 2013

La pièce

  • Genre : satire sociale
  • Nombre d'actes et de scènes : Séquences numérotées de 1 à 19. Séquences 10a, 10b, 10c, 10d, 10 e ; séquences 17a et 17b ; séquences 18a, 18b, 18c, 18d.
  • Décors : Chez Pedro et Maria (séjour, chambre du fils) ; bureau d’Antonio ; « église » de Pedro ; salle de conférence de presse…
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 3 homme(s)
    • 2 femme(s)
    • l’acteur jouant le rôle du fils de Pedro et Maria jouera celui du fils d’Antonio et Arlette qui n’apparaît que dans la dernière scène (indication de l’auteur).
  • Durée approximative : 90 mn
  • Création :
    • Période : 16 septembre 2010
    • Lieu : Pequeno Auditório da Culturgest, Lisbonne
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

Pedro, théoricien de la littérature, et Maria, économiste, forment un jeune couple et ils ont un fils. Ils ont manifestement du mal à boucler les fins de mois. Un jour, ils trouvent un cheveu en cire dans leur boîte aux lettres dans lequel ils reconnaissent un ex-voto. Surgit alors l’idée de fonder une nouvelle religion qui sera lucrative. Elle doit répondre aux angoisses de leurs concitoyens et s’appellera la MERDE : Micro Entreprise Religieuse D’Emerveillement. Pour ce faire, ils doivent compter sur l’apport financier d’Antonio, un riche entrepreneur marié à Arlette, femme au foyer désoeuvré, désespérée par l’homosexualité de leur fils Amandio. A l’insu de Pedro, Maria accepte de devenir l’esclave sexuelle d’Antonio pour obtenir l’argent. Dans sa nouvelle « église », Pedro s’adonne à des discours exaltés qui enthousiasment les foules. Le miracle vécu par Arlette – qui voit disparaître son grain de beauté malin après une séance dans l’église – vient renforcer la popularité de la MERDE. Pedro décide de transformer sa religion en parti et de se présenter aux élections. Maria doit continuer de se soumettre à l’insatiabilité d’Antonio. Le couple se délite et le fils est livré à lui-même. Enfant tourmenté, il raconte régulièrement ses cauchemars et ses expériences traumatisantes à l’école (échos d’une société malade) à son père qui l’écoute distraitement. L’enfant finit par découvrir les messages sexuels d’Antonio à sa mère. Alors que Pedro apprend qu’il a gagné les élections, le fils meurt. Pedro étrangle et tue Maria. Dans une dernière scène, Antonio et Arlette sont avec leur fils, revenu d’une cure en Suisse censée le guérir de son homosexualité. Il semble lobotomisé. Dans la cuisine, Pedro apparaît, une tumeur à la place de la tête.

Regard du traducteur

On retrouve dans Sagrada Familia, la singularité de Jacinto Lucas Pires : un ton sarcastique extrêmement maîtrisé. Maîtrise de l’intrigue et de l’action : à travers les 19 séquences se donne à voir la dérive mégalomaniaque et destructrice d’un projet religieux et politique. Maîtrise des séquences, savamment agencée, souvent ponctués par un effet de chute. Maîtrise des dialogues, tissés de microscopiques dérapages, d’images insolites, de flottements relationnels. Quant aux personnages, ils frisent la caricature sans jamais perdre de leur complexité : Pedro, mari amoureux, universitaire sans doute brillant, père aimant mais distrait, qui se transforme en gourou et machine politique ; Maria, piégée par les avances d’Antonio, mère dépassée ; Antonio, parfaite figure du nouveau riche ; Arlette, femme au foyer idiote et dépressive ; le fils, enfin, bavard et tourmenté, surdoué et suicidaire. Le malaise de toute une société est à la fois montré de l’intérieur et de l’extérieur : incursions au sein du psychisme des personnages (rêves croisés, monologues intérieurs), d’une part, échos de la violence sociale (perte des repères, omniprésence de l’argent, xénophobie, homophobie), d’autre part.

Il ne s’agit pas de transmettre un message au spectateur mais de le provoquer au moyen d’une satire fine et puissante, cocasse et glacée, du désarroi contemporain.