Écriture

  • Pays d'origine : U.K.
  • Titre original : YEN
  • Date d'écriture : 2015
  • Date de traduction : 2021

La pièce

  • Genre : Drame social
  • Nombre d'actes et de scènes : 13 scènes
  • Décors : le salon d’un appartement
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 2 homme(s)
    • 2 femme(s)
    • Bobbie, 13 ans ; Hulk, son frère, 16 ans ; Maggie, leur mère, 36 ans ; Jennifer, 16 ans
  • Durée approximative : 105 mn
  • Création :
    • Période : 2015
    • Lieu : Royal Exchange, Manchester
  • Domaine : protégé – agent : Curtis Brown, Londres

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Hulk (16 ans) et Bobbie (13 ans), demi-frères, vivent seuls dans un modeste appartement de la banlieue de Londres. Leur mère, Maggie (36 ans), droguée, alcoolique et diabétique, est incapable de s’occuper d’eux. Totalement irresponsable, elle vit chez son nouveau compagnon et ne leur rend que de rares visites lors desquelles elle fait de violentes crises d’hypoglycémie. Leur grand-mère, qui prenait vaguement soin d’eux, s’est enfuie avec un homme plus jeune qu’elle, en laissant tous leurs vêtements dans la machine à laver ; ils n’ont plus qu’un t-shirt à se partager. Livrés à eux-mêmes, Hulk et Bobbie font passer le temps en regardant du porno hardcore, en jouant à Call of Duty – un jeu vidéo d’une grande violence – négligeant ainsi Taliban, leur chien affamé.

Jusqu’au jour où Jennifer, une voisine, frappe à leur porte pour proposer de s’occuper du chien laissé à l’abandon. Cette jeune fille de 16 ans a quitté le pays de Galles à la mort de son père. Attentive et fragile, elle va bouleverser leur rapport au monde et les ouvrir aux relations humaines douces et bienveillantes en leur apportant l’attention qu’ils n’ont jamais reçue de personne.

Lorsque Maggie décide finalement d’emmener Bobbie vivre avec elle, Hulk et Jennifer restent seuls et, amoureux, se découvrent peu à peu. Sans attaches, ils envisagent de partir et commencer une nouvelle vie. Mais les démons de Hulk le rattrapent et il met violemment fin à leur relation, incapable de gérer ce sentiment amoureux qu’il connaît pour la première fois.

Lorsque Bobbie revient brusquement à l’appartement, il trouve Hulk totalement anéanti. Persuadé que Jennifer en est la cause, il décide d’en découdre avec elle.

Quatre mois et demi plus tard, Hulk et Maggie attendent dans une salle aseptisée du Palais de Justice le début du procès de Bobbie. Il a violé Jennifer pour venger son frère.

Trois mois plus tard, la veille de Noël, Hulk retrouve enfin Jennifer. Il a erré pendant des jours sur la lande, à la recherche de l’arbre dont elle lui avait tant parlé. Mais leur histoire, malgré leur amour sincère, est sérieusement compromise. Quelque chose est cassé.

Le même jour, Maggie rend visite à Bobbie dans le centre éducatif fermé où il vit désormais. Elle tente avec maladresse de réparer les liens familiaux qu’elle a tellement mis à mal.

Le jour de Noël, chez lui, Hulk joue à la PlayStation, seul. Arrive Jennifer. Ils se tiennent face à face, sans dire un mot.

Regard du traducteur

Comment grandir sans limites, sans attention, sans modèle… sans amour ?

Comment grandir quand sa perception du monde est déterminée par la pornographie hardcore et la violence de Call of Duty ? Grandir sans connaître les caresses, les câlins, ni même une main sur l’épaule ?

Certes, le propos est sombre et l’histoire violente, mais la pièce n’est pas sordide pour autant. Anna Jordan passe avec habileté d’un extrême à l’autre : de la violence à la tendresse, de la noirceur à la fraîcheur, de la solitude la plus désespérante à l’amour le plus lumineux.

Elle dessine, sans manichéisme, quatre personnages complexes, profonds et attachants. Leur histoire nous touche, leur devenir nous tient en haleine, leur fragilité nous ébranle.  

L’autrice dévoile la part d’humanité dans les actes les plus sombres et change notre regard sur ceux que la société tient pour des monstres ; ceux dont la société a fait des monstres.

L’évidente gravité du propos est contrebalancée par un humour typiquement britannique et une fin empreinte d’espoir.

Dans cette pièce, rien n’est laissé au hasard, rien n’est anecdotique. Tout se tisse et se répond subtilement d’une scène à l’autre.

L’écriture d’Anna Jordan, à la fois précise, rythmée et concise, évite de tomber dans une forme de naturalisme quotidien, ce que nous avons tenté de restituer au plus près dans la traduction.