Jad et Joude, anciens amoureux aujourd’hui séparés, se croisent à bord d’un vol à destination d’Istanbul. Peu après le décollage, un attentat a lieu à l’aéroport d’arrivée, et l'avion est contraint d’atterrir en urgence à Chypre. Cet événement déclenche un voyage entre passé et présent pour les deux protagonistes, alors qu'ils attendent la reprise des vols dans un hôtel à proximité de l'aéroport.
Visuellement minimaliste et émotionnellement dense, la pièce exploite pleinement ce lieu de transition. La chambre d'hôtel, marquée par le caractère éphémère du séjour de ses occupants, reflète l'état intérieur des personnages. Les meubles de cette chambre neutre et dépouillée, ainsi que le bruit incessant des avions à proximité, accentuent un sentiment de déracinement et d'anxiété. Chaque silence, chaque geste est chargé de non-dits, résonnant avec cette attaque qui suspend le temps et les mouvements des personnages — au sens propre comme au figuré. Mais si Jad est pressé de reprendre la route pour rejoindre — clandestinement — sa compagne en Europe, Joude, elle, voit dans cette halte forcée une opportunité pour obtenir enfin des réponses sur l'échec et l'ambiguïté de leur relation.
En six scènes, au découpage proche du montage cinématographique, la pièce explore l'absence de réponses comme une forme de terreur intime subie par les protagonistes. Les dialogues interrogent la signification et l'importance de la fin dans une relation amoureuse, tout autant qu'ils abordent la théâtralité d’un acte terroriste. Ainsi, l'intime et le politique se font écho, traçant un parallèle entre la terreur d’un monde fracturé par la violence et celle, plus subtile et souvent tue, qui hante les relations humaines.
Mais s'agissait-il vraiment d'une coïncidence ? Joude obtiendra-t-elle des réponses à ses questions sur l’impossibilité de leur couple ? Et Jad, pourra-t-il se libérer lui aussi du passé et poursuivre son trajet vers une vie où il pourrait se réinventer ?
Terror est une pièce sur la fin d'un couple autant que sur les dynamiques de la violence dans le monde. Elle aborde le terrorisme du quotidien, ainsi que les autres formes de terreur que l'on accepte ou normalise au nom des conventions sociales. Nos vies sont constamment frappées par la terreur, mais seul le terrorisme au sens strict est désigné comme tel. Nous parlons de « terreur » dans des contextes de violence politique et historique, mais rarement pour désigner des violences sociales ou intimes. Mais qu'est-ce qui pousse une personne à recourir à la terreur, que ce soit pour une cause, une idéologie ou même pour une douleur amoureuse ?
C’est pour ces raisons que nous conservons le mot Terror en anglais dans le titre, afin d’en souligner la résonance avec les violences géopolitiques et les actes de terrorisme tels qu’ils sont nommés dans le discours médiatique et politique contemporain. L'usage du terme anglais — y compris dans le texte original en arabe — met l'accent sur les répercussions de ces violences sur l'expérience intime des individus et leurs relations, au-delà même des frontières où ces actes sont commis.