Sticky Petit-Phasme

de Yaron Edelstein et Aharon Levin

Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Israël
  • Titre original : המקלון
  • Date d'écriture : 2020
  • Date de traduction : 2022

La pièce

  • Genre : fable moderne
  • Nombre d'actes et de scènes : 14 tableaux
  • Décors : multiple
  • Nombre de personnages :
    • 15 au total
    • Les personnages étant des animaux, le choix du sexe des comédiens est modulable. La pièce peut être interprétée par cinq comédiens et comédiennes.
  • Durée approximative : 60 mn
  • Domaine : protégé. agent : The Hanoch Levin Institute of Israeli Drama (director : Shimrit Ron)

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Suite au changement climatique, le monde va une nouvelle fois disparaître, englouti sous les eaux. Pour se sauver du déluge imminent, tous les animaux se précipitent dans l’arche. Tous, y compris Sticky, le phasme – espèce dont une des caractéristiques est de pouvoir se reproduire par parthénogenèse… Ce qui lui vaut, au moment d’embarquer, d’être refoulé. En effet, seuls les « vrais » couples, c’est-à-dire composés d’un mâle et d’une femelle, sont autorisés à entrer. Par chance, Sticky est un phasme-bâton, qui a aussi pour caractéristique de pouvoir prendre l’apparence d’une branche d’arbre (ce qui lui permet de leurrer ses prédateurs). Ainsi, sous la forme d’une canne, il aide un vieux couple de tortues à marcher plus vite et à atteindre l’arche à temps. Grâce à ce stratagème, il s’introduit clandestinement dans le bateau… qui lève l’ancre au moment où notre monde industrialisé se noie. Rapidement, la rumeur de la présence à bord d’un passager clandestin se répand. Sticky est obligé de se cacher s’il veut rester en vie. De péripétie en péripétie, il va croiser d’autres passagers et découvrir qu’il n’est pas le seul à avoir fraudé. Il y a par exemple un couple de cygnes noirs qui sont en réalité séparés (chacun vantant les joies de la monoparentalité), un couple de guenons dont l’une se fait passer pour un mâle très macho, un kangourou vivant un amour interdit (trans-espèce) avec une moufette cachée dans sa poche… Jusqu’au commandant du bateau, le féroce rhinocéros, qui, au dernier moment, après avoir entendu le monologue d’adieu de Sticky qu’il s’apprête à jeter à la mer, est touché et finit par avouer que lui non plus… ne répond pas aux critères et a lui-même enfreint la loi. (Mais au fait, qui donc l’a édictée ?)

Et c’est dans la joyeuse solidarité des différences confondues et révélées que se termine la pièce.

Regard du traducteur

Reprenant le récit biblique de l’arche de Noé, les deux auteurs s’en donnent à cœur joie pour en livrer ici une version facétieuse et très moderne, étonnante et détonante, destinée à un public à partir de 6 ans (de par sa forme) mais qui peut très bien convenir, de par les questions soulevées, l’humour, les références, au niveau collège. Oser prendre à bras-le-corps le thème du genre, des diverses possibilités de couples (ex-époux, homo, transgenre…), de la différence, et le mettre à la portée des enfants est un pari qu’ils relèvent avec brio. L’idée de détourner une histoire de châtiment divin avec autant d’irrévérence en choquera peut-être certains, mais ne peut que réjouir ceux qui prônent l’ouverture d’esprit. De plus, l’histoire est menée tambour battant, servie par des dialogues bourrés de clins d’œil, de jeux de mots et de sonorités, rythmée par de nombreuses chansons. Un tel texte, défi (jubilatoire) de traduction et de mise en scène, en phase avec la société contemporaine et ses préoccupations, serait à recommander à l’Éducation nationale (au risque de faire hurler les bien-pensants) et permettrait d’ouvrir le dialogue, dès le plus jeune âge, sur des sujets qui façonnent aujourd’hui le quotidien de nos enfants.