Long développement d’un bref entretien

de Magne van den Berg

Traduit du néerlandais par Esther Gouarné

Écriture

  • Pays d'origine : Pays-Bas
  • Titre original : De lange nasleep van een korte mededeling
  • Date d'écriture : 2007
  • Date de traduction : 2021

La pièce

  • Genre : drame amoureux / tragi-comédie
  • Décors : espace public extérieur
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 3 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Durée approximative : 60 mn
  • Création :
    • Période : 2009
    • Lieu : Toneelschuur Haarlem
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Un soir, quatre amis sont rassemblés. Parmi eux, un couple officiel : John et Louise, et deux amis du couple : Jean et Johan. Ils ne se parlent jamais tous ensemble. Les dialogues se font deux par deux, en aparté, en secret. Ils se croisent et se recoupent plus ou moins. Chacun.e détient une partie de la vérité, une partie de l’histoire qui se compose sous nos yeux. Tout commence avec une confidence que Jean fait à Louise : il lui annonce qu’il « pense à partir d’ici » – à déménager. Rien de sûr, mais « l’idée lui trotte dans la tête ». À partir de là, les dynamiques qui animent ce quatuor et relient les quatre personnages entre eux se dessinent, se précisent – et se déconstruisent. On découvre que Louise et Jean sont amants, et que John, le mari ou compagnon officiel de Louise, fait mine de l’ignorer tandis que Johan en tire une extrême jalousie… On assiste au fil des mots à l’effondrement - ou du moins au détricotage - de l’équilibre précaire qui faisait tenir cette petite société. Bien que d’autres « amis » ou « les autres » soient parfois évoqués, ces quatre personnages semblent plutôt isolés et coupés du monde, ce qui exacerbe les passions et les drames. Ce dialogue en mosaïque met ainsi en scène l’impact d’un mouvement, d’une action, d’une phrase, sur l’ensemble des protagonistes. Un effet papillon observé à la loupe, pas à pas, mot à mot, jusqu’à ce que les mots se tarissent.

Regard du traducteur

Comme dans toutes les pièces de Magne van den Berg, la langue est ciselée à la fois comme de la dentelle et maniée comme une arme. La force de cette pièce se situe dans la concision du dialogue et le minimalisme des répliques, typiques de l’écriture de l’autrice. Avec le moins de mots possibles, dans une langue percutante, Magne van den Berg sait suggérer et révéler les drames, les souffrances, les regrets et les espoirs de ses personnages. Un mot ou un silence racontent un cœur brisé, un regret, un dilemme. Un mot apparemment innocent brise une vie. Cette utilisation très fine de la langue et des codes théâtraux permet à la pièce de transcender le côté anecdotique du contenu des dialogues ainsi que les registres du mélodrame. Ce texte présente aussi une autre caractéristique qui l’apparente à une partition musicale : le leit-motiv et la variation sur un même thème. Les mots de l’un sont repris à l’identique par l’autre, puis de nouveau répétés à un troisième... Ces répétitions créent un flux prenant, envoûtant. On répète une phrase comme pour en approfondir le (les) sens et la portée, ou comme pour lui faire dire autre chose. Puis les mots sont parfois décalés ou modifiés, jusqu’à faire bouger les lignes de sens. L’autrice crée ainsi un funambulisme verbal, jouant sur une fine corde et transposant dans le style et dans la forme l’instabilité de l’équilibre émotionnel de ses personnages. Un défi passionnant pour des acteurs.ices…