Écriture

  • Pays d'origine : U.K.
  • Titre original : Island Town
  • Date d'écriture : 2018
  • Date de traduction : 2023

La pièce

  • Genre : drame / comédie dramatique
  • Nombre d'actes et de scènes : cinq scènes
  • Décors : Unique - un terrain de jeu délabré dans une petite ville
  • Nombre de personnages :
    • 7 au total
    • 2 homme(s)
    • 5 femme(s)
    • Les 7 personnages sont joués par 3 comédiens (2 femmes, 1 homme). Tous sont adolescents au début, et ont la trentaine à la fin de la pièce.
  • Durée approximative : 90 mn
  • Création :
    • Période : 2018
    • Lieu : Pains Plough Roundabout Theatre, Summerhall / Edinburgh Fringe
  • Domaine : protégé - Howard Gooding, Blue Posts Management

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Kate, Sam et Pete vivent coincés dans une petite ville reculée où il n’y a pas grand-chose à faire – les emplois manquent, les perspectives sont inexistantes, et se saouler est le meilleur moyen de passer le temps. Mais à quinze ans, les trois amis croient encore qu’ils ont la vie devant eux et parviendront à s’en sortir. Surtout Kate. Ils quittent l’école, boivent, dépriment, s’exaltent, boivent davantage, et tentent ensemble, chacun à leur manière, de faire face aux réalités de la vie d’adulte qu’ils auront à mener. 16 ans, 17 ans, 18 ans, les anniversaires se succèdent, l’amitié reste, pas les illusions. Kate les convainc de partir trouver un ailleurs meilleur dans la vieille voiture de son père. Un accident, deux morts et douze ans plus tard, Kate revient sur les lieux de son adolescence pour tenter d’apaiser sa conscience. 

Regard du traducteur

Simon Longman s’attaque, dans Island Town, au désespoir chronique des citadins ruraux, oubliés de la société dont la pauvreté matérielle n’est que le reflet de leur misère émotionnelle.

Écrite pour le théâtre circulaire Pains Plough Roundabout Theatre où elle a été créée en 2018, la forme de la pièce reflète le destin des personnages et sa matérialisation sur le plateau. À la fin de la quatrième scène, la pièce revient à son commencement, et l’on comprend alors que les personnages de Sam et Pete ne sont plus que des souvenirs dans l’esprit de Kate, et qu’un abîme temporel et émotionnel de 12 ans sépare les deux premières scènes. Une fois la boucle bouclée, la dernière scène reprend mot à mot le début de la deuxième scène, comme si tout allait se rejouer, encore et encore, pour aboutir au même point. Les seuls points de suspension de la pièce se trouvent justement là où ne les attendait pas, après le mot « Fin… »

Et c’est bien une « géographie émotionnelle d’un espace » que l’auteur crée ici – pour reprendre ses mots – avec une tendresse et une noirceur à toute épreuve. Car ce qui empêche les personnages de partir n’est pas seulement le manque de transports publics ou de moyens financiers, mais quelque chose de plus profond, une force d’inertie qui les condamne à reproduire les schémas et comportements destructeurs de générations qui les ont précédés, qui les retient dans leur « île urbaine », ce trou qui ne leur offre, pour seul horizon, qu’une rocade.

Pourtant, Simon Longman ne laisse jamais le désespoir l’emporter. Anecdotes loufoques, langue vive et tranchante, et fulgurances lyriques nous rendent ce trio à la dérive éminemment attachant. Le processus créateur de Longman, comme il le raconte en interview, consiste à marcher pendant des heures en écoutant de la musique. À la lecture de la pièce, on entend ce rythme inlassable d’un texte écrit sans une virgule, où les sons et les phrases bondissent et rebondissent, s’envolent et retombent, où chaque instant semble durer une éternité et pourtant n’apporter que davantage de « rien ». C’est nous tous que l’auteur reflète dans ces jeunes adultes au cœur d’enfant qui n’en finissent pas de se rebeller comme ils peuvent contre les aléas d’une vie si absurdement implacable qu’elle en deviendrait presque drôle.