Figurants

de Jacinto Lucas Pires

Traduit du portugais par Marie-Amélie Robilliard

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Portugal
  • Titre original : Figurantes
  • Date d'écriture : 2004
  • Date de traduction : 2006

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : 12 scènes
  • Décors : 1
  • Nombre de personnages :
    • 9 au total
    • 6 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 60 / 90 mn
  • Création :
    • Période : 12 nov. 2004
    • Lieu : Teatro Nacional de São João, Porto (Portugal)

Édition

Résumé

Quatre hommes et trois femmes sont réunis dans un espace neutre, éclairé par des projecteurs -dont on apprend, à la fin de la pièce, qu'il s'agit d'un studio de télévision-. Les tirades -récits individuels de souvenirs ou traumatismes- alternent avec l'histoire principale (un homme "rencontre" une main de femme). Ces personnages tentent de (se) raconter en chœur, guidés et relancés par le narrateur, João, malgré l'irruption, par quatre fois, d'un couple (deux hommes) étrange et macabre.

Regard du traducteur

Comme il le signale dans le dossier dramaturgique qui accompagnait la création de la pièce à Porto (Teatro Nacional São João, novembre 2004), Jacinto Lucas Pires a d'abord souhaité, dans cette pièce, explorer l'univers de la télévision. Les traces de ce projet sont nombreuses : tant par les références cinématographiques (Fellini, Rose pourpre du Caire) ou télévisuelles (Captain Furillo) que par un langage qui traite, par tous les moyens, de rendre compte des images (les "visions") qui heurtent la psyché des personnages, le vocabulaire visuel (couleurs, cadres, plans, contours) étant récurrent. A cette dimension visuelle s'ajoute la nécessité -vitale-, semble-t-il de raconter des histoires. Les images génèrent des histoires ; histoires personnelles ou histoire commune que les personnages, guidés par João, racontent en chœur. A l'instar de Shéhérazade, ils racontent des histoires pour ne pas mourir, la menace de mort étant incarnée par les deux hommes (l'un d'entre eux, muet, finira par mourir, ce qui n'est pas un hasard) qui font régulièrement irruption dans le studio de télévision. Raconter des histoires, une activité qui dépasse la simple fonction thérapeutique, pour acquérir une dimension existentielle : comme le dit Emilia dès la deuxième scène "il faut parler aux gens, parce que comme ça, il sentent… pour qu'ils restent éveillés, voilà, parce que les mots ont ce don" ; ou encore Vasquez dans une phrase qui semble synthétiser à elle seule la fonction des histoires (scène 9) "Rien de plus immunisé contre la vermine que les vers". C'est la raison pour laquelle les personnages sont animés par une volonté constante de trouver le mot juste. C'est "la seule chose qui compte" d'après Luisa (scène 6). La pièce est, par conséquent, caractérisée par une exploration du langage aussi nécessaire que minutieuse. Les corrections, hésitations, calembours (volontaires ou non) sont nombreux. Ensemble, les personnages parviennent à tisser un langage original dont ils restituent à la fois la richesse et la profonde étrangeté.