Variations sur le modèle de Kraepelin (ou le champ sémantique des lapins en sauce)

de Davide Carnevali

Traduit de l'italien par Caroline Michel

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Italie
  • Titre original : Variazioni sul modello di Kraepelin (o il campo semantico dei conigli in umido)
  • Date d'écriture : 2009
  • Date de traduction : 2011

La pièce

  • Nombre de personnages :
    • 3 au total
    • 3 homme(s)
  • Durée approximative : 105 mn
  • Domaine : protégé

Édition

  • Edité par : Actes Sud Papiers
  • Prix : 16.00 €
  • ISBN : 978-2-330-01434-6
  • Année de parution : 2013
  • 64 pages

Résumé

Trois hommes. Un père, son fils, et un médecin.
Le père, atteint d’une maladie dégénérative de la mémoire, est pris en charge par son fils. Tous deux semblent vivre ensemble. Un troisième homme, le médecin, homonyme du célèbre psychiatre allemand Emil Kraepelin, veille à l’amélioration de l’état du malade, prodiguant au fils des pratiques thérapeutiques pour aider son père à renouer avec ses souvenirs.

Regard du traducteur

Dans cette pièce, le jeune auteur Davide Carnevali, choisit comme point de départ, mais aussi et surtout comme objet métaphorique, la thématique de la maladie d’Alzheimer. En effet, l’auteur se saisit de ce problème médical de grande actualité, pour le détourner à des fins à la fois littéraires, poétiques, historiques et bien évidemment théâtrales. Ici, ce n’est pas simplement un homme qui est atteint d’Alzheimer, mais c’est tout le tissu du texte, interne et externe qui en « souffre ». Le fond et la forme, le signifié et le signifiant, tous s’entrelacent sans cesse, se faisant écho, et révélant, derrière une apparente dislocation de la forme et du contenu, une construction - ou une déconstruction- extrêmement élaborée.

Tout ici, dans les moindres détails, semble à la recherche d’une identité perdue. Jusqu’à l’œuvre théâtrale elle-même, qui n’a plus de véritable trame chronologique, dont certaines scènes se répètent presque immuablement, dont les personnages sont privés de noms, dont l’unité de lieu et de temps demeurent souvent très incertaines. Autant de procédés qui, par le « vide » qu’ils créent, offrent des variations infinies de lectures, de possibles, d’interrogations, autrement dit, qui cèdent une place très large à l’imaginaire de ses lecteurs ou des artistes qui s’en empareraient. Mais il est aussi ici question d’histoire. Car qui dit perte de mémoire, dit perte du passé, individuel ou collectif. Dans cette œuvre, la petite histoire enfante la grande Histoire. Ici, la perte de la mémoire du père, c’est aussi la perte de la chronologie des faits de sa vie, la perte de repères spatio-temporels. Les temps mêmes de sa vie ne sont plus linéaires, mais se confondent les uns aux autres. Ainsi, la guerre, souvenir d’un temps passé de cet homme malade d’Alzheimer, se déploie en toile de fond. C’est alors que l’auteur, comme un plan large au cinéma, réussit à ouvrir l’histoire personnelle à un niveau bien plus vaste, celui des guerres du siècle dans lesquelles la vie de cet homme s’est écoulée. L’occasion pour l’auteur de questionner le problème identitaire de l’Europe, avant et après sa création.