Une histoire de l'eau au Moyen-Orient

de Sabrina Mahfouz

Traduit de l'anglais par Gérard Cherqui et Antoine Mazet

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : U.K.
  • Titre original : A History of Water in the Middle East
  • Date d'écriture : 2019
  • Date de traduction : 2023

La pièce

  • Genre : conférence musicale
  • Nombre d'actes et de scènes : 16 scènes
  • Décors : Le plateau est composé de plusieurs espaces : Conférence, Concert, Espion. Des visuels (notamment des cartes rétro-projetées) sont mentionnés dans le texte. Plusieurs instruments de musique sont suggérés, probablement orientaux (oud, percussions…).
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 2 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 70 mn
  • Création :
    • Période : octobre 2019
    • Lieu : Royal Court (Londres)
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Lors d’une conférence musicale, soutenue par Laura et Kareem pour la mise en musique, Sabrina dresse un tableau acerbe de la politique colonialiste de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, de ses origines à nos jours. Elle met notamment en lumière la façon dont l’eau, qu’il s’agisse de fleuves ou de mers, fut - et est encore - un élément stratégique de manipulation, de pression et d’oppression des peuples. Son exposé est parsemé de légendes sumériennes, des souvenirs d’enfance d’une anglo-égyptienne, d’extraits d’entrevue de recrutement par les services secrets britanniques et d’épisodes géopolitiques vus à travers un autre prisme que celui de l’Occident.

Regard du traducteur

Sabrina Mahfouz est une poétesse et une femme engagée. Détentrice des nationalités britannique et égyptienne, elle a un regard double sur les relations entre ses deux pays d’origine. Le ton qu’elle adopte dans sa pièce A History of Water in the Middle East en est une preuve. Elle y tient son propre rôle et expose ses convictions, politiques et personnelles, à travers un texte émaillé de séquences variées : récits de la mythologie sumérienne, exposés géopolitiques avec cartes à l’appui, chansons écrites suivant une métrique et une structure parfois classiques (couplets-refrains), parfois libres (parlé-chanté) qui s’apparentent au slam.

Les questions soulevées pour la traduction de ce texte étaient multiples. Il fallait rendre compte de tous les genres en présence et garder l'unité du spectacle, d'une prise de parole commune. La façon dont Sabrina joue avec les sonorités, avec le rythme des mots, notamment lors des parties chantées, a dû être prise en compte lors du passage au français, dans un souci de préserver le caractère percutant et la dynamique de sa plume.

Sabrina a de l'esprit et de l'humour, elle aime raconter des histoires d’une façon qui évoque les traditions orales orientales. Mais son registre est plus varié et elle se laisse aussi emporter dans des monologues où l'oralité adopte un parler cru, direct, franc, avec des énumérations et des répétitions voulues frôlant l'emphase, jusqu’à l’apnée, pour mieux mettre en exergue le caractère étouffant de la situation des Moyen-Orientaux face à la machine impérialiste et suggérer leur colère, une colère et une frustration qu’elle laisse parfois exploser face à la violence engendrée par le système qu'elle dénonce : patriarcat, capitalisme, colonialisme et préjugés. Son humour est plein de sarcasme et d'ironie, avec des détournements de sens, de vocables, mis en exergue pour étayer son propos. De fait, certains passages ne pouvaient être traduits littéralement, nous sommes donc restés attentifs à préserver l'esprit. C'est aussi un texte résolument féministe, engagé, et nous devions également en rendre compte en gardant le même niveau de langage souhaité par l'autrice en restant attentif aux vocables qui auraient pu sembler dogmatiques.