Russie, en avant !

de Valery Pecheikin

Traduit du russe par Polina Panassenko

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : Россия, вперёд !
  • Date d'écriture : 2011
  • Date de traduction : 2022

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : 12
  • Nombre de personnages :
    • 20 au total
    • 4 homme(s)
    • 3 femme(s)
    • Plusieurs rôles peuvent être interprétés par les mêmes acteurs.
  • Durée approximative : 75 mn
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Russie, en avant ! met en scène une Russie totalitaire dans laquelle un dirigeant despotique a imposé l'idée que "l'avenir du pays est dans son passé". Le cours du temps ainsi que tous les processus qui en découlent sont inversés. Les citoyens doivent régurgiter la nourriture, aspirer les excréments, les morts ressuscitent et la destinée de chacun est de finir aspiré par le sexe de sa mère.

La pièce commence dans l'appartement des Vorontsov qui attendent la résurrection imminente du père de famille mort quelques années plus tôt. Son épouse Marina Vitalievna et sa fille Lioubov s’appliquent à suivre la nouvelle règle : l’avenir, c’est le passé. Elles choisissent leurs mots et font attention à ce qu'elles disent, tout le monde est sur écoute. En cas de faux-pas, un agent du sens de l'ordre apparaît pour punir les dissidents. Pourtant, Maxime, époux de Lioubov et gendre mal-aimé, a des doutes. Il ne croit pas à cette histoire d'inversion du temps.

Regard du traducteur

Dans cette pièce par moments crue et violente, Pecheykin dresse un portrait satirique de l'apathie politique et de ses contradictions. Parmi les membres de la famille Vorontsov, il n'épargne personne. Totalitarisme, racisme, misogynie, antisémitisme, patriarcat, homophobie caractérisent tour à tour leurs actions et leurs discours. Qualifiée de rétro-dystopie par la critique, Russie, en avant ! est une satire au comique absurde et corrosif rappelant par certains aspects La Tour de la défense de Copi ou encore Ubu roi d'Alfred Jarry.

Dans cette pièce, comme dans Petit-Bon-Dieu, Valery Pecheikin fait passer le contrôle des esprits par celui du langage. Placés sur écoute en permanence, les personnages doivent veiller à ce qu'aucune de leur parole ne remette en cause leur adhésion à l'ordre établi. La dénonciation est encouragée aussi bien entre voisins qu'entre membres d'une même famille.

Néanmoins, les personnages de Maxime et de sa mère incarnent l'espoir et la possibilité d'une résistance face au conformisme et à la résignation. Le despote, à la fois redouté et adulé par son entourage, finit aspiré par les entrailles de sa propre mère tel Dom Juan confronté à la statue du Commandeur. La pièce trouve son dénouement dans une renaissance au sens propre. Maxime, personnage ayant osé remettre en doute l'ordre établi, sort du sexe de sa mère au son des fanfares, le drapeau de la Russie à la main.