Plus vite que la lumière

de Rasmus Lindberg

Traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Suède
  • Titre original : Ljusets hastighet
  • Date d'écriture : 2005
  • Date de traduction : 2009

La pièce

  • Genre : Comédie
  • Nombre d'actes et de scènes : 2 actes, 42 scènes
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 2 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 1h30
  • Création :
    • Période : 2005
    • Lieu : Norrbottenteater à Luleå.
  • Domaine : protégé : Draken teaterförlag.

Édition

  • Edité par : Espaces 34
  • Prix : 12.80 €
  • ISBN : 978-2-84705-085-1
  • Année de parution : 2012
  • 80 pages

Résumé

Un chat tombe du dernier étage d’un immeuble et essaie, durant sa chute, d’expliquer la théorie de la relativité : d’un point de vue purement objectif notre existence est plus longue si on vit à toute allure.

En revanche, dans une petite ville du nord de la Suède, tout s’est arrêté : Lennart vient d’être licencié, Anna et Christian se séparent, le mari de Rut est mort et le pasteur (une femme) qui enterre le défunt, n’arrive plus à supporter son mari qui demande la fermeture du nouveau café du centre ville.

Mais chez tous ces gens embourbés dans leurs problèmes, l’envie de vivre intensément est bien présente. Comment y parvenir quand on doute à ce point de sa propre existence ? Toutes ces envies inassouvies vont finalement être projetées dans le chat de Rut qui, propulsé dans le vide, va être soumis à la loi de la gravitation…

Regard du traducteur

Dans un rythme effréné, Plus vite que la lumière raconte la vie de quelques habitants d’une petite ville de Suède qui se trouvent aux prises avec leurs problèmes à un moment décisif de leur vie. Les dialogues sont drastiques, les scènes bégayent, s’enchevêtrent, se confondent parfois, les personnages se font écho d’une scène à une autre tel un chœur qui clame son incapacité  d’agir et son immobilisme face au monde. La rapidité des scènes est en combat constant avec l’inertie  des personnages face à leur propre destin.

En souvenir de son défunt mari, Rut, 76 ans, organise une grande fête mais son intention est surtout de se libérer enfin de quarante années de mariage ; la femme pasteur, elle, essaie en vain de tuer son mari ; Lennart qui a brusquement été licencié essaie de comprendre ce qui a bien pu se passer et se met à rêver de son amour de jeunesse ; Christian n’arrive pas à savoir s’il désire l’enfant qu’Anna porte dans son ventre… Alors que le temps s’écoule, les personnages s’engluent dans leur propre existence, incapables d’avancer. 

Le chat est ici un personnage distancié qui met en exergue les questions existentielles que les personnages se posent : la dilatation du temps, sa vitesse relative est-elle en lien avec la manière dont nous vivons notre existence ? Si le temps et la vitesse sont liés, alors plus vite on avancera, plus lentement s’écoulera le temps ? …

Mais ici, le temps n’est pas seulement une question métaphysique, il a aussi une place importante dans la construction même de la pièce. Rasmus Lindberg s’amuse à nous ballotter entre le passé, le présent et le futur, de manière presque impressionniste. Les personnages sont bien ancrés dans un présent mais se posent des questions métaphysiques sur leur rapport à l’espace-temps. Le texte est scandé comme s’égrènent les minutes, les heures, les jours, les mois et les personnages courent désespérément derrière. Les personnages se projettent dans l’avenir, se morfondent dans le passé, remettent en questions leurs choix, redoutent leurs décisions... Et tout cela sans jamais rien décider de leur vie.

La langue pleine d’humour, de jeux de répétition, de sonorités, d’onomatopées nous embarque dans un univers qui devient progressivement absurde et où tout est à redéfinir. Plus vite que la lumière décrit de manière très pertinente la richesse et la complexité des rapports humains et la manière dont chacun se positionne face au monde. C’est un texte très juste et très fort.