Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Für alle reicht es nicht
  • Date d'écriture : 2009
  • Date de traduction : 2012

La pièce

  • Genre : tragi-comédie post- « chute du mur »
  • Nombre d'actes et de scènes : 22 scènes
  • Décors : ad libitum
  • Nombre de personnages :
    • 6 au total
    • 2 homme(s)
    • 4 femme(s)
  • Durée approximative : 1h30
  • Création :
    • Période : 31 octobre 2009
    • Lieu : Staatsschauspiel de Dresde
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Jo, la quarantaine bien entamée et Anna, 35 ans à peu près, vivent de petits trafic entre l'ex-Allemagne de l'est et la République Tchèque. Ils se sont rencontrés dans un bus, quelques années après la chute du mur, alors qu'Anna allait travailler « à l'ouest » - maintenant que c'était possible – à temps partiel, pour faire des inventaires dans quelque grande entreprise ; rien de bien passionnant dans la vie de ce couple assez cocasse vivant en marge du rêve de l'Allemagne réunifiée (tout en en symbolisant, 20 ans après 1989, un certain aspect). Un jour qu'ils rentrent en Allemagne, la voiture chargée à ras-bord de tout un bric-à-brac qu'ils comptent revendre sous le manteau (ils ont beau se dire « progressistes », ils vendent par exemple des vidéocassettes néo-nazies à de jeunes paumés ; l'argent n'a pas d'odeur...), ils tombent, dans la clairière d'une forêt, sur un camion abandonné, dont le chargement est fait de milliers de cigarettes de contrebande chinoises et.... d'un groupe d'immigrés clandestins asiatiques plus morts que vifs. Autant les cigarettes sont une aubaine pour eux, autant la question de savoir quoi faire de ces gens devient vite problématique. Ils laissent donc tout ce petit monde enfermé dans le camion, qu'ils déplacent sur le terrain de leur ami Heiner, un ancien militaire de la RDA qui s'est mis en tête, pour se reconvertir, de récupérer (à la casse), son ancien char d'assaut et d'ouvrir à l'intention de touristes nostalgiques du bon vieux temps de la république démocratique une piste où ils pourront conduire le dit char. Or Heiner a tout sauf envie de s'embarrasser de ses deux « amis à problèmes », lui qui attend la visite de sa fille qu'il n'a pas vue depuis que sa femme l'a quitté plus de 25 ans auparavant, pour passer à l'ouest. Les plans les plus loufoques sont imaginés par Jo pour convaincre Heiner de cacher pendant quelque temps le camion, puis faire entrer les Asiatiques enfermés dans le camion sur le marché – inexistant – du travail en Europe ; il est villipendé par Anna, qui ne voit pas pourquoi des « jaunes » auraient le droit de réaliser leurs rêves dans ce pays qui est le sien et où elle n'a toujours pas sa place. Pendant ce temps, Heiner est aux prises avec sa fille, qui tente, en vain, de le convaincre d'aller au chevet de son ex-femme – sa mère – mourante. « Pas pour tout le monde » est une comédie drôle et grinçante sur les frontières, la nostalgie, les espoirs trahis et la rancoeur.

Regard du traducteur

Rares sont les auteurs comme Dirk Laucke, fils d'un militaire est-allemand, qui rendent compte de façon aussi aiguë des conséquences, 20 ans après, de la chute du communisme en Allemagne. Et rares sont ceux qui le rendent dans une dramaturgie aussi novatrice et un style aussi cruellement drôle. La ou les petites histoires baignent dans la grande, les personnages nagent du mieux qu'ils peuvent pour rejoindre une rive qui s'éloigne toujours plus. Pas pour tout le monde s'inscrit dans les pièces les plus lucides sur le destin d'une Europe qui n'en finit plus de faire ses deuils, de cultiver ses nostalgies, de rêver à l'impossible, dans un monde « mondialisé » qui chaque jour semble être plus proche de dévorer notre vieux continent.