Mais ne mange pas mon petit Charlie !

de Tankred Dorst

Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Friss mir nur mein Karlchen nicht!
  • Date d'écriture : 1999
  • Date de traduction : 2002

La pièce

  • Genre : Pièce de théâtre pour enfants
  • Nombre d'actes et de scènes : 16 scènes
  • Décors : Une pièce en assez grand désordre, mi-cuisine, mi-salon
  • Nombre de personnages :
    • 7 au total
    • 5 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 90 mn
  • Domaine : protégé, Traduction française © L'Arche Editeur, Paris

Édition

Résumé

Mamamy, serveuse au bistrot de la gare, a recueilli deux frères abandonnés, Charlie et Olmo. Olmo est saisi d’une boulimie inquiétante : non content de manger ce qu’on lui sert, il dévore les couverts et se met à grignoter la table ! Il grandit et grandit de plus en plus et Mamamy craint qu’il ne dévore Charlie. En effet, Olmo menace de le faire ! Charlie passe un accord avec lui : qu’Olmo attende qu’il ait grandi, alors il se laissera manger. Olmo accepte, mais Charlie cesse alors de croître. Avec ses alliés, le Carlin au Costume et Fizzipizzi, la Fille électrique, il essaie de distraire Olmo et l’empêcher de penser à se goinfrer. Mais Olmo ne cesse de manger, il finit par ne plus pouvoir rentrer dans la maison. Devant les dégâts qui s’accumulent, l’Homme à la Bosse, le propriétaire se met à menacer Mamamy : vous détenez une couronne en or, remettez-la moi en compensation ! Mais Mamamy refuse de remettre la couronne : ce n’était qu’un dépôt, et son détenteur, Antunes O Rei, le roi des musiciens, devrait revenir d’un jour à l’autre…

Regard du traducteur

Mais ne mange pas mon petit Charlie ! est une parabole sur l’opposition entre le matérialisme, la volonté de consommation immédiate (Olmo – la bouffe, l’Homme à la Bosse – le fric), et l’idéalisme, la fantaisie, le rêve, l’imagination, la création, les plaisirs du cœur, personnifiés par les cinq personnages positifs. Ceux-ci fonctionnent par couples ou alliances : Charlie+Fizzipizzi, Mamamy+Antunes O Rei, mais aussi Charlie+Carlin, Charlie+Fizzipizzi+Carlin et finalement tous contre Olmo et l’Homme à la Bosse, qui eux, ne coopèrent pas. Mais il ne s’agit pas d’une opposition manichéenne : pour positif qu’ils soient, Charlie paraît bien fayot, Mamamy a les nerfs fragiles, Carlin est sentencieux, Fizzipizzi est une agitée chronique ( ce n’est pas « la Fille électrique » pour rien !) et Antunes O Rei, tout deus ex machina qu’il soit, a fait attendre une femme pendant de longues années ! Inversement, le tort de l’Homme à la Bosse n’est pas d’exiger réparation, mais de ne pas vouloir comprendre, ni aider, ni même attendre. Et si Olmo est antipathique et immodéré, il a incontestablement faim pour de bon. A travers les grands torts des uns et les petits torts des autres, en dépit de l’aspect conte, fantastique, se dessinent des rapports réalistes, entre humains qui gagnent à faire des pas les uns vers les autres. C’est donc une pièce à caractère didactique, on peut dire qu’elle est morale, mais elle n’est ni moralisante, ni moralisatrice. La relation entre les personnages de Charlie et de Fizzipizzi passe aussi par la découverte de l’amour et de la sexualité : il s’agit de passages très émouvants, où l’auteur, tout de même un vieil homme, a su recapturer avec acuité les émois des toutes premières proximités libidinales.

traduction distinguée par la bourse Transfert Théâtral