Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Sprechanlage
  • Date d'écriture : 1962
  • Date de traduction : 1981

La pièce

  • Genre : pièce radiophonique
  • Nombre d'actes et de scènes : 5 scènes
  • Décors : pièce radiophonique, donc pas de décor ; mais deux ambiances sonores : les conversations de Rehberg avec son fils et sa femme en voix naturelle, celle avec Koehler avec une coloration artificielle, distordue, par l'usage de l'interphone ou tout autre procédé technique
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 3 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Durée approximative : 20 mn
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

1 : Quelque part en Allemagne, vers 1960. Rehbach est chez lui, avec son fils Franz, quand on sonne. Il ne veut pas être dérangé, envoie son fils l'annoncer au visiteur. Mais celui-ci insiste et dit qu'il s'appelle Robert et désire parler à Rehbach, celui-ci devient nerveux et va à l'interphone.

2 : Rehbach commence à parler avec Robert Koehler, qui ne veut ni monter ni que Rehberg descende, il veut discuter par interphone interposé. Ils ont été amis, au point que Rehbach dit à Koehler que « tout ce qui est à moi est aussi à toi ». Robert a à un moment sauvé la vie de Rehbach, mais ils ne se sont plus vus depuis 17 ans. Aujourd'hui, Rehbach a une bonne situation, tandis que Robert est à la rue. Et à présent, il vient lui demander de l'argent. Rehberg accepte de lui jeter 500 mark par la fenêtre.

3 : Franz qui a entendu la conversation, demande à son père des précisions sur ce Robert, dont il a tant entendu parler. Rehberg cherche l'argent pour Robert.

4 : Rehberg n'ayant trouvé que 210 mark en liquide, Koehler ne veut pas partir jusqu'à avoir son solde. Mais quand Marianne, la femme de Rehberg, arrive en bas de l'immeuble, Koehler part en courant.

5 : Marianne monte et demande à son mari s'il s'agissait de « lui », dont elle a tant entendu parler. Elle est choquée, elle l'a vu, mais n'est pas capable d'en parler, de le décrire.

Regard du traducteur

La pièce se passe quelque part en Allemagne vers 1960. Il suffit d'un petit calcul pour se rendre compte que c'est vers 1943 que Rehberg et Koehler se sont vus pour la dernière fois. Koehler a sauvé la vie à Rehberg, mais nous ne savons pas dans quelles circonstances. Rien n'est jamais dit, les lecteurs se retrouvent dans la position de Franz, le fils de Rehberg, qui en a entendu beaucoup parler, mais ne connaît pas non plus les circonstances. Qu'est-ce qui a dû se passer pour qu'une amitié, dans laquelle « tout ce qui est à moi est à toi », prenne fin subitement ?

Nous n'avons pas beaucoup d'indices quant à la situation de Koehler aujourd'hui. Mais contrairement à Rehberg, qui a une bonne position, de l'argent et une famille, Koehler semble être à la rue, pendant les dix-sept ans, il a peut-être déserté, s'est retrouvé dans un camp français, a fait de la prison et a, aujourd'hui, urgemment besoin d'argent.

« Ce n'est déjà pas bien drôle d'entendre ; mais voir ! », dit Koehler pour argumenter son refus de discuter en face à face avec Rehberg. Le leitmotiv du (pas) voir et de l'aspect physique de Koehler reviennent plusieurs fois, Franz rapporte que Koehler s'est caché dans un recoin de la porte pendant la conversation par interphone. Koehler dit de lui-même qu'il « ressemble à un type dont l'entrée dans une banque provoque le déclenchement du signal d'alarme ». On peut s'imaginer qu'il est défiguré. Cette hypothèse est confortée par la réaction de Marianne, ébranlée, qui est incapable de le décrire. Elle ne peut que dire à son mari d'attendre que Koehler revienne et essayer de l'apercevoir.

Mais le mystère reste entier, la pièce ne nous dit jamais ce qui se serait passé en 1943, entre les deux hommes. On pourrait voir Koehler comme une incarnation de la mauvaise conscience d'une partie du peuple allemand dans l'après-guerre qui a trop vite voulu tourner la page – l'archétype du personnage qui est « dehors devant la porte », comme dans la pièce de Wolfgang Borchert – mais le passé n'est que refoulé, pas digéré, et peut donc à tout moment refaire surface.