Lettres d’amour à Staline

de Juan Mayorga

Traduit de l'espagnol par Simon Diard

Écriture

  • Pays d'origine : Espagne
  • Titre original : Cartas de amor a Stalin
  • Date d'écriture : 1998
  • Date de traduction : 2009

La pièce

  • Genre : Vaudeville totalitaire
  • Nombre d'actes et de scènes : 10 scènes
  • Décors : Chez les Boulgakov
  • Nombre de personnages :
    • 3 au total
    • 2 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Durée approximative : 1h30
  • Domaine : protégé : Irène Sadowska-Guillon pour la France et la francophonie.

Édition

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Résumé

La pièce s’ouvre dans l’URSS des années trente au moment où Mikhaïl Boulgakov, écrivain accablé par la censure, lit à sa femme, Boulgakova, une lettre où il demande au camarade Staline ou bien la liberté de publier et de faire jouer ses pièces ou bien la liberté de quitter l’URSS. La lettre restée sans réponse, ainsi que les suivantes, dans l’incompréhension et un dénuement de plus en plus critique, Boulgakov commence à être obsédé par l’écriture de la lettre maîtresse qui saura conquérir le dictateur. Jusqu’au jour où Staline lui téléphone. Il y a malheureusement une coupure sur la ligne à l’instant où Staline lui propose un rendez-vous en tête à tête. Dès lors, Boulgakov reste auprès du téléphone, ne sort plus, ne reçoit plus personne, commence à apercevoir Staline par la fenêtre. Il écrit compulsivement mais ne peut plus le faire sans Boulgakova depuis qu’elle lui a proposé d’imiter Staline pour qu’il puisse anticiper ses réactions et écrire en conséquence. Né du violent désir de Boulgakov de le rencontrer en personne, inspiré de l’interprétation qu’en fait Boulgakova, un Staline fantasmagorique ne tarde pas à rendre visite à Boulgakov et à élire domicile à sa table de travail. Comme a pu l’écrire Juan Mayorga, Lettres d’amour à Staline est une histoire d’amour à trois personnages : un homme, une femme et le diable.

Regard du traducteur

« Pas besoin de le feuilleter, je savais qu'à l'intérieur se trouvait une pièce de théâtre » écrit Juan Mayorga à propos du recueil des lettres de Mikhaïl Boulgakov écrites à Staline dans les années vingt et trente. Comment est-on passé des Lettres à Staline aux Lettres d'amour à Staline ? Par un dispositif fictionnel aussi simple qu'habile, Juan Mayorga parvient à réunir les protagonistes du drame, à briser le mutisme de Staline, à matérialiser le dialogue qui n'eut jamais lieu. Dès lors, la pièce peut explorer le rapport ambigu existant entre l'artiste et l'homme de pouvoir. Mais le Staline de Boulgakov tient du fantoche autant que du despote. Il en est le double imaginaire, sachant mieux que quiconque où le caresser et où le frapper. En transplantant cette problématique sur la scène intime, matrimoniale, en prenant des allures de vaudeville grinçant où Staline joue le rôle de l'amant qui évince peu à peu l'épouse légitime, Lettres d'amour à Staline décrit de manière iconoclaste le processus d'autodestruction d'un artiste, d'un homme dont le pouvoir ne veut pas.