Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : Tchmorik
  • Date d'écriture : 2001
  • Date de traduction : 2005

La pièce

  • Genre : Comédie dramatique
  • Nombre d'actes et de scènes : 6
  • Décors : : Intérieur d'un préfabriqué ; cour d'où l'on aperçoit un hangar-porcherie
  • Nombre de personnages :
    • 6 au total
    • 4 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Création :
    • Période : sept 2003
    • Lieu : Théâtre Tabakov, Moscou
  • Domaine : Baki Boumaza

Édition

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Résumé

Kazakhstan, dernières années de l’Union soviétique. Le sergent Croustiachine, qui faisait son service dans une unité rattachée au cosmodrome de Baïkonour, a dénoncé les brimades infligées par un « ancien » et se retrouve relégué en pleine steppe pour élever des cochons. Un matin, on lui amène Novikov, innocent étudiant de Léningrad qui a eu, quant à lui, le tort de ne pas cacher aux autorités militaires qu’il croyait en Dieu. Rudesse des rapports hiérarchiques, humiliations, petits trafics, routine que viennent interrompre les visites d’Ania, la prodigue buffetière, puis de Katia, la sœur aimante. Mais Démon, un « ancien », rôde, toujours à l’affût, et fait irruption, un soir, pour se livrer à un terrible chantage…

Regard du traducteur

Avant qu’elle ne soit représentée à Moscou sous le titre Les petits soldats, Vladimir Jerebtsov avait intitulé sa pièce Tchmorik, d’un mot argotique mi-condescendant mi-affectueux qui désignait Novikov, le bleu, le petit chose. L’auteur orientait donc les projecteurs sur lui et, plus largement, sur une pratique dont l’ampleur et la violence étaient devenues publiques à partir de 1987, en URSS : la « dedovchina », ce bizutage des casernes qui donna alors matière dans la presse à de nombreux témoignages et comptes rendus de procès. Bien qu’écrite en 2001, c’est à la fin des années 80, à la période communiste, que se réfère l’action, un jour où le train-train solitaire du sergent Croustiachine est perturbé par l’arrivée de Novikov, mis en quarantaine pour sa foi. Les relations entre le brave garçon, originaire d’une bourgade sibérienne, et l’étudiant léningradois musicien, poète, puceau et croyant, sont montrées avec humour. Mais l’œuvre voit son intensité dramatique décuplée par l’introduction de deux figures féminines et celle d’un ancien, surnommé Démon. On appréhende alors les pires atrocités - viol, tournante, sodomisation - , sans que celles-ci, contrairement à une tendance du théâtre russse des années 90, soient crûment nommées ou exhibées. L’impression de déchéance matérielle et morale reste vive. Pourtant Jerebtsov parvient à construire un univers non manichéen, plaçant entre la droiture d’un Novikov ou la pureté d’une Katia, et le sadisme de Démon et de ses acolytes, les personnages plus nuancés du sergent Croustiachine ou de la bufffetière Ania. Ecrite avec concision et dans un langage qui se veut proche du vécu (Jerebtsov déclare s'appuyer sur son expérience personnelle), la pièce sait tour à tour jouer, à la manière de celles d’Alexandre Vampilov, sur la drôlerie, la crainte et la compassion. A l’heure où l’Armée rouge a changé de nom mais guère de pratiques, on a là une oeuvre simple et forte qui tout à la fois interroge et émeut.