Les os (Histoire de Lala S.)

de Ulrich Zieger

Traduit de l'allemand par Lambert Barthélémy

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Die Knochen (Die Geschichte der Lala S.)
  • Date d'écriture : 2001
  • Date de traduction : 2003

La pièce

  • Genre : Mélodrame
  • Nombre d'actes et de scènes : 9 tableaux
  • Décors : Un glacier transformé en crêperie
  • Nombre de personnages : 10 + un choeur dont 7 homme(s) et 3 femme(s)
  • Domaine : protégé : Merlin Verlag (Gifkendorf)

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Dans un glacier, un dernier client est en train d'écrire une lettre dans laquelle il annonce au public et aux patrons du lieu, qui sont déjà ‚gés, l'arrivée dans leur vie d'une fille, du nom de Lala S. A partir du moment où celle-ci entre, comme par miracle, en scène, elle devient instantanément l'objet de nombreuses convoitises et de projets d'exploitation (cinéma, détective privé, industrie d'emballage, concours de beauté, mariage, etc.) Elle s'efforce de répondre à toutes ces sollicitations, mais ne parvient jamais à être pleinement en adéquation avec elles et perturbe de plus en plus, par sa seule présence pure et innocente, la société et les situations au sein desquelles elle apparaît. La pièce raconte en 9 stations l'histoire et la progressive disparition de cette présence dans le monde contemporain. Est-ce que cette femme cache un secret ?

Regard du traducteur

Les Os (L'histoire de Lala S.) est une sorte d'hommage à Vivre sa vie de Jean-Luc Godard, dont le titre allemand est Die Geschichte der Nana S. Mais le thème de la pièce serait plutôt "vivre sa mort", que vivre sa vie : le constat d'une impossibilité d'être soi autrement qu'en faisant faux bond, qu'en disparaissant : à la fin de la pièce, Lala est d'autant plus présente qu'elle n'est plus physiquement là, d'autant plus elle-même qu'elle n'est plus personne. Le rapport au film de Godard ne relève pas d'un pur hasard, ni d'un clin d'œil complice, mais s'avère significatif de la "filiation" esthétique dont la pièce peut se revendiquer. Dans ses mémoires, Heiner Müller a pu écrire au sujet de Godard, qu'il est probablement le seul artiste dans la deuxième moitié du XXè siècle, à avoir réellement prolongé et développé le travail théâtral de Brecht. Or, c'est à cette même vision d'un théâtre profondément humain que se rattache Les Os (L'Histoire de Lala S.). Cette pièce, tout comme les autres qu'Ulrich Zieger a écrites, prend au sérieux cet héritage théâtral qui est aujourd'hui largement déprécié, si ce n'est pour une part volontairement oublié, ou refoulé. Elle emprunte de fait quelques unes des inventions les plus marquantes de la tradition moderne (effets de distanciation, jeu conscient de sa propre nature, valorisation de la place du spectateur, etc.), en les considérant non comme de simples citations, mais comme autant de moyens spécifiquement théâtraux qui restent aujourd'hui tout à fait utilisables en tant que tel : c'est-à-dire qu'ils ont encore une efficacité scénique. On peut également souligner que la pièce se caractérise par l'interrogation constante des rapports qu'entretiennent comique et tragique, par l'orchestration de leur contamination réciproque, par une certaine pratique de la confusion générique : le pathétique résonne souvent dans, ou juste après, tout contre, le burlesque -et prend de la sorte un relief tout à fait singulier. Cet alliage est l'une des lignes de force du théâtre de Zieger.