La Fête du fer

de Roberto Arlt

Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Argentine
  • Titre original : La Fiesta del Hierro
  • Date d'écriture : 1939
  • Date de traduction : 2016

La pièce

  • Genre : comédie tragique
  • Nombre d'actes et de scènes : 3 actes : premier acte : 7 scènes ; deuxième acte : 10 ; troisième acte : 16. Les scènes sont de longueur variable.
  • Décors : Acte premier : jardin, avec un arbre, un banc de pierre et deux socles de statues ; deuxième acte : la sacristie ; troisième acte : la salle des fêtes, avec une immense statue de Baal Moloch, entourée de colonnes. La tête d’éléphant de Baal Moloch est figurée par un masque à gaz.
  • Nombre de personnages :
    • 25 au total
    • 20 homme(s)
    • 4 femme(s)
    • plus deux danseurs, un chœur d’hommes, un chœur de femmes, des voix. Évidemment interchangeables.
  • Durée approximative : 90 mn
  • Création :
    • Période : 1940
    • Lieu : Teatro del Pueblo (Buenos Aires)
  • Domaine : public

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

La scène se passe en 1939, quelque part. Mariana, la femme de Grurt Armstrong — roi du Fer, fabriquant de canons —, et Don Carlitos parlent et s’embrassent dans le jardin observés par les statues du Faune et de l’Ange gardien (lesquels s’animent quand ils sont seuls), qui se les disputent. En haut du noyer sous lequel se trouvent les amants, Julio, 12 ans, fils du roi du Fer, les prend en photo. Il a l’intention de faire des tirages des photos et de les glisser dans la serviette des invités à la Fête du Fer qui doit avoir lieu le lendemain. Il a également entendu Mariana avouer à Don Carlitos qu’elle était complètement illettrée. Le valet Ambrosio est chargé de les faire développer. Le Prêtre, à l’acte 2, projette de faire construire un clocher à son église. C’est cher. Il reçoit le Photographe affolé après avoir développé les photos : il ne veut rien avoir à faire avec cette histoire. Le Prêtre se chargera de remettre les photos à qui de droit. Don Carlos est directeur de la « communication » chez Grurt Armstrong. Il doit organiser la fête, le Diable le conseille. Troisième acte : Don Carlos a construit une Statue de Baal Moloch en carton pâte, symbolisant l’activité de l’usine de canons. Mariana approuve, c’est magnifique. Julio trouve le moyen de se cacher dans la statue pour prendre des photos de l’instant où les invités trouveront les photos. Les ouvriers bouchent le trou par lequel il est passé, seul Ambrosio est au courant de sa présence. Don Carlitos décrit à Ambrosio et à Mariana le clou de la fête : l’embrasement de la statue. Ambrosio se tait. Le Prêtre vient voir Mariana : il lui remet les photos, le Prêtre se réserve d’être récompensé plus tard : il aura son clocher et sera évêque. Mariana discute avec Ambrosio, car elle croit que c’est lui qui a pris les photos : Ambrosio désigne Julio et avoue à Mariana que le jeune garçon est prisonnier dans la statue, qu’il a prévu de distribuer les photos aux invités et de révéler son inculture et son passé de femme entretenue. Mariana récompensera Ambrosio qui veut ouvrir un restaurant pour constipés. Ils se taisent l’un et l’autre au moment de la mise à feu de la statue. Ambrosio, qui s’est évanoui, revient dans la salle des fêtes et dévoile la présence de Julio dans Baal Moloch qui brûle bien. Le fabriquant de canons est épouvanté, comme l’assistance. Mais un employé fait irruption dans la salle, les mains pleines de télégrammes : la guerre est déclarée (en Europe), les commandes de canons affluent. Ouf !

Regard du traducteur

Une comédie grinçante, tragique, un humour noir sans concession : tous les personnages sont terribles, médisants, égoïstes, pleutres, avides, sauf peut-être Don Carlitos, qui n’est, après tout, qu’opportuniste et amoureux de la femme de son patron, et le jeune Julio, à la cruelle lucidité. Écrite en 1939, la pièce est d’une exactitude imparable quant aux événements politiques : l’attente de la guerre dans un pays qui ne peut qu’en tirer profit, la consonance entre autrichienne et anglo-saxonne, du nom du fabriquant de canons installé en Argentine. Le traitement des rapports maîtres-esclaves (domestiques, femmes, enfants qui se doivent d’être plus dégoûtants que leur père), l’annonce prémonitoire de la guerre en Europe, la critique radicale du rôle de l’Église dans l’Amérique latine d’avant la « théologie de la libération » révèle l’engagement de Roberto Arlt, sa mise en œuvre de tous les aspects historiques, sociaux, politiques, artistiques, l’irruption d’un surréalisme raffiné avec les apparitions et les transformations du Faune, de l’Ange et du diable, et de la statue de Baal Moloch, le tout sous une forme légère, un marivaudage, où la langue est manipulée avec maestria en totale liberté.