Kordian

de Juliusz Slowacki

Traduit du polonais par Michel Maslowski et Jacques Donguy

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Pologne
  • Titre original : Kordian
  • Date de traduction : 1993

La pièce

  • Genre : Drame romantique
  • Nombre d'actes et de scènes : 3 actes - 19 scènes
  • Décors : 17 lieux d'action à caractère symbolique
  • Nombre de personnages : 25 (+ 14 fantastiques, cumulables) dont 22 homme(s) et 3 femme(s)
  • Création :
    • Période : Une des pièces les plus représentées dans tous les théâtres
    • Lieu : toutes les villes polonaises; dernièrement Varsovie.
  • Domaine : public

Édition

Résumé

Préambule : Le 31 décembre 1799, diables et sorcières préparent le XIXè siècle dans un immense chaudron. Ils créent les dirigeants historiques polonais et annoncent l'Histoire du pays. L'arrivée des anges arrête leur "cuisine"; le destin historique du peuple reste irrésolu.

Prologue : Trois personnages symboliques présentent trois attitudes possibles devant les catastrophes historiques collectives.

Acte I : Le jeune Kordian (15 ans) cherche un sens à sa vie - une mission, une "grande idée" à incarner. Les modèles de vie patriotique, rappelés par les récits d'un vieux serviteur, ne semblent plus convaincants à ce jeune Hamlet, déchiré entre son rêve et la réalité. Sans aucune perspective de sens, il se tire une balle dans la tête.

Acte II : Kordian, guéri, continue sa quête de sens en visitant l'Europe Occidentale. A Londres, il se heurte à une civilisation où toute valeur est quantifiable en argent. A Douvres, il comprend la supériorité de l'art sur la réalité. En Italie, il découvre l'amour dont la fidélité s'achète. Au Vatican, il s'aperçoit que seuls les riches et les puissants peuvent compter sur le soutien de la religion. Enfin, seul au sommet du Mont-Blanc, il découvre de nouvelles perspectives quant au sens, individuel et collectif, de la vie. Il parvient ainsi à une vision du geste héroïque collectif éclairant son propre devenir et celui de son peuple.

Acte III : A Varsovie, on prépare le couronnement du tsar Nicolas 1er, qui deviendra roi de Pologne. Dans le même temps, un complot se trame contre le tsar. Kordian défend l'idée de l'exécution du tsar pour sauver l'honneur du peuple. Il décide de s'en charger, ne mène pas son projet à terme et est arrêté. Le prince Constantin, vice-roi, obtient du tsar la gr‚ce de Kordian. La pièce s'achève sans que l'on sache s'il est ou non exécuté.

Regard du traducteur

Kordian est l'une des pièces les plus connues des Polonais. A la fois Hamlet polonais et homme d'action, Kordian cherche le sens de la vie. Farouchement individualiste, pourtant solidaire du peuple polonais, idéaliste, il est tenté par le terrorisme et hanté par les fantômes de la mémoire collective. Sa quête de sens se déroule avec, en toile de fond, un panorama de la civilisation bourgeoise, et en contrepoint, le cynisme historique des puissants. La problématique de l'œuvre, qui confronte comportement "guerrier" (héroïque) et attitude "marchande" (relevant de la civilisation bourgeoise moderne), aboutit à une sorte de dépassement et pose un modèle de combat "spirituel" pour la cause juste, par le biais de l'opinion populaire. Kordian se livre là à un ultime combat contre le relativisme de la rationalité moderne qui ne peut être dépassée que par un engagement total dans le monde.