Il faudrait sortir le chien

de Tomislav Zajec

Traduit du croate par Karine Samardžija

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Croatie
  • Titre original : Trebalo bi prošetati psa
  • Date d'écriture : 2012
  • Date de traduction : 2018

La pièce

  • Genre : drame
  • Nombre d'actes et de scènes : 21 séquences
  • Décors : un abribus, un appartement, un café, une boutique de cravate. Une horloge digitale. Bruit de la pluie en continu.
  • Nombre de personnages :
    • 3 au total
    • 2 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Durée approximative : 105 mn
  • Création :
    • Période : juin 2013
    • Lieu : Centre national de la danse de Zagreb, production HNK (Théâtre National de Croatie)
  • Domaine : protégé

Édition

Résumé

Un homme raconte une journée dans son existence, alors qu’il n’est plus. Est-il mort, est-il simplement absent au monde ? Qu’importe, il accompagne son propre personnage à travers une après-midi où il tente de renouer le dialogue avec une jeune femme qu’il a quittée sans explication, et son père, un vieil homme avec lequel il n’a jamais réussi à communiquer.

L’homme, documentaliste dans une école, mène une vie solitaire avec son chien. Il rend visite à son père, un vieil homme irascible, traducteur de renom, qui s’apprête à recevoir un prix prestigieux pour l’ensemble de son œuvre. En parallèle, cet homme entreprend de suivre son ancienne compagne, qui a depuis refait sa vie. Les émotions refoulées remontent à la surface, la colère et l’amertume laissent place, lentement, à la tendresse.

Regard du traducteur

Construit en séquences, ce texte dramatique est proche de la prose par son épaisseur narrative, presque testamentaire. Le récit passé (séquences narratives) et le récit présent (dialogues) se mêlent au découpage du temps. Une horloge (digitale lors de la création), indique l’heure lors des dialogues, puis le temps est suspendu (l’horloge s’éteint) lors des séquences narratives où l’homme, hors du temps, n’est plus présent au monde et livre enfin ses émotions.

L’homme se laisse dériver, il est absent aux autres et à lui-même. Cette absence résonne avec force tout au long du texte. Avant même de disparaître, il se trouve déjà de l’autre côté, ailleurs, tandis que les autres sont dans la surface des choses. Les balades avec le chien, évoquées tout au long de la pièce, le maintiennent encore dans la vie.

Le père, quant à lui, vit en reclus, isolé derrière les murs de son appartement. Personnage un peu bourru, il a consacré sa vie à la traduction. Il consigne au quotidien des mots, des souvenirs, qu’il couche sur le papier. Il est plein de ressentiment, d’amertume. En sacrifiant tout à la traduction, il a observé sa vie plutôt que de la vivre. Il finit par se confier à son fils, lui avouant qu’il n’a jamais aimé sa mère, mais une autre femme avec qui il n’a pas eu le courage de s’engager. Sa vie a été brisée par la lâcheté (la femme aimée) et les accommodements (le mariage). Désormais, le monde ne semble plus l’intéresser.

La femme vient contrebalancer la figure du père. Elle refuse les non-dits, et s’insurge contre les silences de l’homme. Même si sa vie semble bancale – elle attend un enfant de son nouvel amant, un homme marié – elle avance, elle est en mouvement.

Le chien est lui aussi un personnage important. Bien qu’absent du plateau, le récit s’articule autour de lui. C’est lui qui réunit ces trois personnages, qui les pousse à sortir de leur retranchement. Car il faudra bien que quelqu’un s’en occupe lorsque l’homme aura disparu. Quoiqu’il arrive, il faut sortir le chien...