Écriture

  • Pays d'origine : Italie
  • Titre original : Eleonora d'Arborea
  • Date d'écriture : 1964
  • Date de traduction : 2001

La pièce

  • Genre : Récit dramatique
  • Nombre d'actes et de scènes : 4 actes et 13 scènes
  • Décors : Cour et salle du Château de Monteleone, Placette d'Oristano, Intérieur du Château d'Oristano, Salle du conseil du Château d'oristano, Village du Campidano semi-détruit, Grand place d'Oristano devant la cathédrale, Cour du Château d'Oristano, Village du Campidano transformé en lazaret.
  • Nombre de personnages :
    • 25 au total
    • 15 homme(s)
    • 10 femme(s)
  • Durée approximative : 2h
  • Création :
    • Période : 2002
    • Lieu : Théâtre villes de Cagliari, Sassari, Oristano, Nuoro
  • Domaine : Sardegna all'Estero, Liège (Belgique)

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Quand, à la fin du quatorzième siècle, le roi d'Aragon décide de prendre possession de la Sardaigne, le pouvoir de l'Ile est partagé entre les Pisans, les Gênois et le Giudicat d'Arborea; ce dernier s'attache à la défense de son territoire. Dans la lutte contre les Aragonais qui dure vingt ans, après l'assassinat de son frère Ugone III d'Arborea, le combat pour l'indépendance fut mené par la Giudichessa Eleonora  qui réussit à réunir toutes les populations de l'Ile, à créer une nation et lui donner une constitution. La victoire finale des Sardes sera effacée par un coup du destin. L'Ile sera ravagée par la peste et, exsangue, elle retombera sous la coupe des Aragonais. Au cours de l'épidémie, Eleonora disparaîtra volontairement au sein de son peuple, redevenant une femme parmi les femmes, occupées à soigner et à mourir parmi les pestiférés. Selon Dessi, Eleonora reviendra de cet exil le jour où la loi des Sardes sera à nouveau la loi de l'Ile… Dans mille ans peut-être, dit la pièce.

Regard du traducteur

L'idée qu'en écrivant, je me suis faite d'Eleonora d'Arborea a seulement un rapport occasionnel et fortuit…

Avec sa dimension historique : je n'ai aucune prétention à faire une Eleonora historiquement juste… Ne pas céder le pouvoir : pour Eleonora c'est le point vital. C'est vraiment le choix entre la vie et la mort. Non seulement pour elle, mais aussi pour l'Ile… Eleonora est convaincue d'avoir découvert un secret de l'Ile, le secret : en Sardaigne, il ne s'est encore rien passé. Il ne s'est jamais rien passé. Il n'y a pas d'histoire. Il y a seulement une impuissante, mystérieuse préhistoire dans laquelle les hommes et la terre se confondent… Eleonora se sent imprégnée de toutes ces pensées. Elle s'identifie avec la Sardaigne. La Sardaigne est comme une femme fécondée, enceinte, qui porte assez difficilement sa grossesse. C'est en suivant sa mentalité de femme et de mère… qu'elle pense la "politique".

Ainsi parlait Giuseppe Dessi de sa pièce.

On perçoit là toutes les profondes et très complexes dimensions de cette pièce. On est dans l'épopée, dans un drame où s'opposent les grandeurs de la cour d'Aragon (ses ors, ses manigances et ses arrogances) et l'immense modestie de la misère du peuple sarde. Eleonora doit choisir entre les deux : être en paix et vassale d'Aragon ou en passer par la guerre pour assurer l'indépendance de la Sardaigne. Elle choisira la voie de l'indépendance.

Il s'agit d'un "récit dramatique" (et plus spécialement, d'un "récit dramatique d'inspiration lyrico-épique"), un genre théâtral complexe, propre à Dessi, où les personnages sont nombreux, où interviennent des personnages collectifs et où le lieu scénique demande une certaine ampleur (on songe à Brecht, Piscator ou à Planchon) ; bref, ce n'est pas du théâtre intimiste. Bien au contraire, c'est une pièce polyphonique qui en appelle aux plus profonds mouvements de l'âme individuelle et collective et à la relation de va et vient qui s'opère entre les deux.

C'est aussi une véritable tragédie, proche de la tragédie antique, mais d'une modernité étonnante. On dirait un opéra parlé ou un immense film. Et pourtant, dans son écriture, il s'agit bien d'une pièce de théâtre.

Dès lors, et à mon sens, c'est un grand texte et c'est surtout une œuvre qui touche à de grands thèmes : Quid de l'occupation d'un petit pays par une grande puissance ? Quid du rapport entre le peuple et l'Etat ? Quid d'une nation, fondée sur une culture, des langues, un territoire ? Quid également de la place des femmes, de la femme et de son rôle moteur dans la société ? Quid de la peste ? Et de la mort quand elle rôde partout ? Quid aussi du pouvoir et du sens qu'il peut y avoir à le prendre, à le maintenir, à le garder ?