Dieu attend à l’arrêt du bus

de Maya Arad-Yasur

Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Israël
  • Titre original : מחכה בתחנה (Elohim méhaké batahana)
  • Date d'écriture : 2013
  • Date de traduction : 2021

La pièce

  • Genre : pièce politique, portée par écriture chorale d’où se détachent les différents protagonistes de l’histoire
  • Nombre d'actes et de scènes : 28 scènes
  • Décors : multiple
  • Nombre de personnages :
    • 12 au total
    • 7 homme(s)
    • 5 femme(s)
    • plusieurs rôles peuvent être tenus par un/une même comédien/comédienne.
  • Durée approximative : 90 mn
  • Création :
    • Période : novembre 2014
    • Lieu : Théâtre Habima
  • Domaine : protégé : Agence Althéa

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Inspirée par la vague d’attentats suicide qui a secoué Israël à partir des années 2000, Maya Arad-Yasur reconstitue, sans jugement ni psychologie, les faits qui peuvent avoir poussé une jeune Palestinienne à devenir kamikaze et commettre l’irréparable : née dans un camp de réfugiés, infirmière travaillant dans des hôpitaux qui manquent de tout, Amal (« espoir » en arabe) ne cesse de se heurter aux frontières physiques imposées par l’occupation et au poids social que fait peser sur elle la société oppressante dans laquelle elle vit. Elle n’épousera pas l’homme qu’elle aime, ne parviendra pas à sauver son père qui se meurt d’un cancer ni à le ramener dans sa ville natale (Haïfa), et verra son frère, un chahid, membre d’une organisation terroriste, abattu sous ses yeux par l’armée israélienne. Le récit non chronologique, rythmé par un compte à rebours qui n’en est pas un, fonctionne tel un puzzle dont les pièces sont les témoignages de ceux qui ont connu Amal (sa mère, une amie d’enfance, un médecin, etc.), des interrogatoires militaires et une série de scènes situées à un check-point – frontière infranchissable pour qui n’a pas le sésame requis. Ce point de passage est gardé, entre autres, par Yaël, la soldate qui devra continuer à vivre avec, sur la conscience, le fait d’avoir autorisé l’entrée en Israël de la kamikaze. La reconstitution est entrecoupée de scènes chorales, écho, côté israélien, de l’onde de choc provoquée par l’attentat.

Regard du traducteur

Première pièce de Maya Arad-Yasur montée en Israël, ce texte porte déjà en lui les caractéristiques de l’écriture extrêmement moderne et originale de l’autrice, qui s’attaque ici à un sujet brûlant : les attentats suicides. Comment, en tant qu’Israélienne juive, c’est-à-dire du côté de l’oppresseur, parler tout de même de la situation des Territoires et des conséquences de l’occupation, de part et d’autre de la « ligne verte » ?

Le malaise n’est pas loin, la question de la légitimité non plus. Mais les voix qui s’élèvent et tentent d’apporter leur pierre à un dialogue possible sont à saluer – à condition, bien sûr, que la sincérité et l’efficacité artistiques soient au rendez-vous.

Il me semble qu’en l’occurrence, tel est le cas : à travers des témoignages forcément subjectifs qui reconstituent la trajectoire d’une kamikaze et les circonstances qui ont abouti à un attentat, la pièce arrive à éclairer, sans manichéisme, paternalisme, ni simplisme, quelque chose de l’inextricable conflit israélo-palestinien. 

Par sa forme, ce texte évite les écueils du documentaire ou de la prise de parole militante.  Son traitement, sa théâtralité et la manière d’aborder les faits proposent, de l’intérieur, une vision pertinente d’une réalité qui ne laisse guère de place à l’espoir.