Au bord de l’eau, des lumières

de Vladimir Maximov

Traduit du russe par Lily Denis

Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : TAM VDALI ZA REKOÏ
  • Date d'écriture : 1979
  • Date de traduction : 1993

La pièce

  • Genre : comédie dramatique
  • Nombre d'actes et de scènes : 2 actes, 4 scènes
  • Décors : Un modeste jardinet de banlieue
  • Nombre de personnages :
    • 8 au total
    • 5 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 1H45
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Scènes de la vie des émigrés. La pièce est traitée avec des retours en arrière (très faciles à suivre), pour la commodité du récit, je reprends l'ordre chronologique : MARIANNE arrive d'URSS pour rendre visite à GOVOROUKHA, son père émigré en France : elle croyait trouver un atelier de peinture luxueux, elle arrive devant un médiocre pavillon de banlieue. Le père est absent, et presque jusqu'à la fin, les autres locataires ou visiteurs lui feront croire qu'il est en voyage. Le spectateur aura appris bien avant elle qu'il est mort d'alcoolisme. Deux personnages se trouvent là, chacun paumé par le déracinement : BARTOME, penseur très doué et raté complet quasi clochardisé et BESSO, un Tatar sans valeur réelle mais qui a fait fortune. Tous deux vont tomber amoureux de MARIANNE et lui offrir le mariage. Elle les refuse l'un et l'autre, car elle veut rentrer en Russie, sa place est là. Au moment où elle va partir, BESSO l'abat d'un coup de revolver.

Regard du traducteur

Au bord de l'eau, des lumieres est le titre d'une chanson qui a marqué les années 70 à Moscou. Le choix de ce titre traduit l'un des thèmes de la pièce : la nostalgie du pays perdu et au-delà, la difficulté quasi-philosophique d'être   émigré. Là-dessus, consécutivement à la glasnost, se greffe une autre question concrète : maintenant que la chose est possible, faut-il rentrer en Russie ou non. A la lumière de ces questionnements, les personnages vivent leurs doutes sans longs discours, sans "tunnels", sans phraséologie. Ils s'expriment au quotidien, mais à travers leurs propos si simples, c'est une réalité historique qui s'exprime, en appui sur quelques phrases-choc comme celle-ci :

- Il n'y a plus de Russie, rien qu'un territoire peuplé de bric et de broc. Pas un pays : un trou noir.

- Vous dites que ce sont les youpins et les métèques qui ont bousillé la Russie, mais qui leur a inculqué leurs idées, sinon nous, les nobles révolutionnaires du XIXè siècle ?

Et dans la même optique, GOVOROUKHA ne se pose pas en victime du stalinisme, contrairement à tous les autres, mais de son propre laisser aller. Cette optique est peu banale et elle se veut réfléchie. Elle est dure, elle ne répond cependant pas à l'étiquette de "fureur" qui s'applique à d'autres oeuvres de MAXIMOV.

Un autre thème important est celui de l'alcoolisme, de ce que ses victimes elles-mêmes, dans ce vaste pays, appellent "le mal russe". Ces quelques remarques montrent que loin d'être une pièce anecdotique, Au bord de l'eau, des lumieres est une pièce-témoin dont l'intérêt d'actualité s'impose. Elle est solide, de bonne facture, servie par un dialogue serré.