L'Été dernier à Tchoulimsk (Valentina)

de Alexandre Vampilov

Traduit du russe par Michel Petris

Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : Прошлым летом в Чулимске
  • Date d'écriture : 1972
  • Date de traduction : 1995

La pièce

  • Genre : drame social et psychologique
  • Nombre d'actes et de scènes : Deux actes, ordonnés chronologiquement. Le premier acte ne comporte qu’un tableau, le matin. Le second comporte trois moments : le soir, la nuit, le lendemain matin.
  • Décors : Décor unique : un bâtiment où est installée une cafétéria dans la petite bourgade perdue de Tchoulimsk, isolée dans la taïga sibérienne.
  • Nombre de personnages :
    • 9 au total
    • 6 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 120 mn
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

Une petite ville isolée dans la taïga sibérienne ; une modeste cafétéria : tel est le cadre sans grandeur où se déroule ce drame de « gens ordinaires », jeunes et vieux, tous cabossés par la vie, mais encore souffrants et désirants. Chacun a son lot de désillusions. Tous se querellent, se méconnaissent, se blessent mutuellement. Eremeev, un vieil Evène qui a toute sa vie travaillé dans la taïga au service des géologues, désespérant d’obtenir une retraite, boit sec avec son copain Dergatchev, le mari de Khorochikh, la tenancière. Au centre de l’histoire, la présence d’une jeune fille, Valentina, droite et simple, aiguise les antagonismes. Valentina sert à la cafétéria et répare obstinément un portillon démoli par les passants. Metchetkine, quadragénaire solitaire et gros homme ridicule, l’épouserait volontiers. Pachka, le fils semi-délinquant de Khorochikh, lui fait la cour. Mais Valentina est attirée en secret par Chamanov, un jeune magistrat instructeur inerte et amer, qui parle de « retraite » après qu’il a échoué à faire triompher la justice dans une affaire impliquant un notable local. Il traîne avec la pharmacienne, Kachkina, une liaison sans joie. Quand Chamanov découvre les sentiments de Valentina, il lui fixe, dans un bref regain d’énergie vitale, un rendez-vous que Kachkina fait échouer. Valentina va danser avec Pachka qui abuse d’elle. Au retour, elle repousse à la fois Pachka et Chamanov. Chamanov décide de tenter d’agir une dernière fois pour que justice soit faite. Valentina, aidée du vieil Eremeev, se remet à réparer le portillon, « pour qu’il tienne debout ». 

Regard du traducteur

Dans un cadre unique, une action réduite au minimum compose une pièce-tableau dont le dramatisme est sans cesse différé ou contenu : portrait d’un lieu, d’un moment, et de quelques univers intérieurs envahis par le mal-être et l’inertie, accablés par l’éloignement et la routine, dans un coin perdu où parviennent étouffés les échos d’une vie citadine corrompue. Quelques gestes du quotidien, répétitifs, prennent valeur symbolique : travailler machinalement, manger compulsivement, traverser le jardin en piétinant les fleurs, se quereller, bavarder sans objet, aimer sans amour. D’autres « petites actions », à demi inutiles, laissent pourtant filtrer un faible espoir de résilience : réparer un portillon sans cesse démoli est, à sa façon, un acte de réparation morale d’un monde déglingué et une revendication de dignité personnelle.

Théâtre à la fois psychologique et sociologique, qui peint à petites touches d’une impitoyable justesse un monde soviétique en « stagnation » (on est en 1972) et des consciences malheureuses qui désespèrent plus ou moins de la possibilité d’un avenir, collectif et personnel.