Écriture

  • Pays d'origine : Brésil
  • Titre original : A serpente
  • Date d'écriture : 1978
  • Date de traduction : 1992

La pièce

  • Genre : pièce en un acte
  • Nombre d'actes et de scènes : acte unique
  • Décors : La plupart des scènes se passent dans l’appartement que partagent les deux couples – Décio et Lígia, Paulo et Guida. Mais il y a également quelques scènes à l’extérieur. Pas de décor réaliste, cependant. Juste ce qu’il faut pour situer l’action. Il y a néanmoins un élément extrêmement important : la fenêtre d’où Paulo poussera Guida à la fin.
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 2 homme(s)
    • 3 femme(s)
  • Durée approximative : 50 à 60 mn
  • Création :
    • Période : 6 mars 1980
    • Lieu : Teatro do BNH, Rio de Janeiro, Brésil
  • Domaine : protégé – Espólio Nelson Rodrigues

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Le Serpent met en scène l’histoire de deux sœurs et l’amour pour un même homme. Guida prête son mari, Paulo, à Lígia pour une nuit. Décio, le mari de celle-ci, étant impuissant, leur mariage n’a jamais été consommé. Il s’ensuit que Lígia et Paulo ne se contentent pas d’une seule nuit, et Paulo finit par tuer sa femme, la poussant du haut d’une fenêtre. Lígia, cependant, ne pourra pas supporter ce geste, et crie à l’assassin. Il y a encore un personnage féminin, la Négresse  « aux narines triomphales », avec qui Décio arrive à surmonter son impuissance. La pièce est ponctuée par des « arias », comme l’indique l’auteur lui-même, des moments où les personnages s’adressent directement au public.

Regard du traducteur

Le Serpent est la dernière pièce de Nelson Rodrigues. On y retrouve, condensés, les thèmes chers à l’auteur : les passions de la chair et de l’âme, bien sûr, et aussi le rapport entre racisme et sexualité. Il y a, dans l’œuvre de Nelson Rodrigues, une subtile dénonciation du racisme structurel de la société brésilienne. Sa tragédie Ange noir a été écrite en 1946 pour Abdias do Nascimento, acteur et important activiste noir. Dans Le Serpent, Décio, le mari impuissant, arrive à surmonter son problème avec la Négresse « aux narines triomphales », leur femme de ménage, pour qui il a « un désir fulminant » : « Décio - Je me suis fait cette négresse quatre fois d’affilée ».

La soi-disant démocratie raciale brésilienne est en grande partie due au fait que les Noirs et les Blancs ont toujours eu des rapports sexuels entre eux. Mais cela n’a pas empêché la ségrégation et, surtout, la différence de classe sociale. C’est à cet aspect qu’il y a ici allusion. Comme le disait Alain Ollivier, dans l’œuvre de Nelson Rodrigues, ce n’est pas le comportement amoureux qui détermine l’action, mais le comportement sexuel. Et c’est en effet le comportement sexuel qui est au centre de cette pièce. Le rapport sexuel, même. Avec tout ce qu’il y a d’interdit, de refoulé, de transgresseur et de violent.

Dans un long entretien de 1974, publié en 1981, Nelson Rodrigues déclare qu’il a songé à écrire « une pièce où l’acte sexuel apparaîtrait en scène calmement, disons, pendant tout un acte. Le deuxième acte tout entier serait un acte sexuel, tournant autour de toutes ces variations, des variations délirantes. Je regrette maintenant de ne pas avoir écrit cette pièce. »