Le crime de la baie d'Atami

de Tsuka Kohei

Traduit du japonais par Jean-Christian Bouvier

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Japon
  • Titre original : Atami Satsujin jiken
  • Date de traduction : 1993

La pièce

  • Genre : Pièce comique à l'humour acerbe et décapant. Doit être jouée sur un rythme très rapide avec de nombreux effets parodiques dans la mise en scène.
  • Nombre d'actes et de scènes : 1 acte
  • Décors : Bureau de l'inspecteur en chef, commissariat principal de Tokyo
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 3 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Création :
    • Période : Novembre 1973 (reprise en 1975 au Van 99 Hall et en 1987 au Kinokuniya Hall)
    • Lieu : Tokyo, Ateliers du Bungaku-za
  • Domaine : Domaine protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Interrogatoire par un inspecteur de police obsédé par la mise en scène et les coups d'éclat des médias, d'un accusé timide et innocent, qui se laissera peu à peu aller à jouer le jeu qu'on lui demande. Accusé du meurtre d'une jeune ouvrière (laide, un vrai "boudin") sur la plage de la baie d'Atami (célèbre station de villégiature sexuelle), Kintaro Oyama est soumis au feu roulant et délirant des questions de l'inspecteur Kumura et de son jeune adjoint Kumada. A plusieurs reprises la jeune et jolie Hanoko, auxiliaire de police, "revit" la scène de la promenade et du meurtre avec le jeune homme. Pris par la théâtralité du jeu, ce dernier se laisse entrainer à faire un coupable idéal à livrer aux médias lors de la dernière scène (allusion parodique à l'Etranger de Camus).

Regard du traducteur

Malgré les apparences (lecture à froid de la traduction française), "Le crime de la baie d'Atami" n'est pas une parodie de pièce policière. L'intrigue (Kintaro Oyama est-il coupable ou innocent ?) n'a aucune importance, seule compte la théâtralité de la situation et les jeux multiples qu'elle peut engendrer. Sur scène, Kohei Tsuka enlève tout ce qui pourrait freiner le rythme trépidant de la représentation : pas de décors, pas de figurants, pas de vraisemblance dans l'enchaînement des scènes ni dans la distribution des rôles... restent les acteurs dont le jeu extrêmement "physique" vient du théâtre des années 60 (avant-garde dure dont Tsuka se moque copieusement par ailleurs), les jeux de lumière violents et la bande-son volontairement criarde. Les dialogues comiques enlevés sur des tempi vertigineux sont de temps en temps coupés de longs monologues "mélo" dont on ne sait pas trop s'ils sont à prendre au premier ou au second degré. Originaire d'une région industrielle et minière, Tsuka inaugure au Japon un humour "bête et méchant" visant notamment les filles moches, les ouvriers en bleu de travail et les petites ouvrières à peine sorties de leur campagne. Cet humour dans les années 70 ravissait un public très jeune, citadin, très "classe moyenne", et doté (à tort ou à raison ?) d'une conscience très vive d'avoir, quant à soi, échappé à la condition de prolétaire. (Les termes employés par l'auteur pour décrire la condition ouvrière sonnent d'ailleurs en japonais comme un peu vieillots). La pièce a marqué un tournant en rompant brutalement aussi bien avec l'avant-garde pure et dure des années soixante qu'avec le théâtre moderne du "shingeki" (de gauche et littéraire). Tsuka est sans doute un des premiers auteurs de théâtre à rendre compte avec humour, mais aussi avec duplicité, d'un Japon moderne, société de consommation et de rêves largement médiatisés.