Le corail (1er volet de la trilogie Gaz)

de Georg Kaiser

Traduit de l'allemand par René & Huguette Radrizzani

Écriture

  • Pays d'origine : Suisse
  • Titre original : Die Koralle
  • Date d'écriture : 1917
  • Date de traduction : 1990

La pièce

  • Genre : tragi-comédie
  • Nombre d'actes et de scènes : 5 actes
  • Décors : 5
  • Nombre de personnages :
    • 7 au total
    • 5 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 2 h 30
  • Création :
    • Période : 27 octobre 1917
    • Lieu : Neues Theater, Frankfurt/Main
  • Domaine : Protégé : F. Bloch Erben/ L'Arche Editeur

Édition

Résumé

Le Milliardaire est devenu l'homme le plus riche au monde, parce que qu'il est en fuite devant "l'horreur noire" de la misère qu'il a connue dans son enfance. Un sosie extérieur, le Secrétaire, lui sert de paravent contre cette horreur, alors qu'avec ses sosies intérieurs, ses enfants qu'il a préservés de tout contact avec la misère, il espère revivre, par procuration, un bonheur parfait. Lorsque son fils et sa fille se révoltent, désespéré, il songe à se suicider; mais, apprenant que le Secrétaire a eu une enfance sans nuage, il le tue, prêt – pour s'approprier son passé – à affronter les juges et payer ce bonheur de sa vie. Le corail, seul signe permettant aux initiés d'identifier le Secrétaire, est l'image d'un Paradis sur terre au milieu d'un océan agité par tempête. A la fin, il sera opposé à la Croix, espoir chimérique en l'au-delà

Regard du traducteur

Le Corail est un chef- d'œuvre incontournable du théâtre de vingtième siècle. Cette pièce a notamment influencé:
- Eugene O'Neill, qui calqua la première moitié de The hairy Ape sur le deuxième acte du Corail,
- Bert Brecht, qui a repensé, dans La bonne âme du Se-Tchouan avec son capitaliste montrant deux visages différents,
- le motif du sosie Fritz Lang, qui en tira son film Metropolis.

D'un bout à l'autre, il y a une invention loufoque irrésistible, comme plus tard dans les meilleurs Dürrenmatt. Pourtant le thème est grave, tragique, très proche de Kafka: la solitude du Milliardaire qui, comme Kaiser lui-même, fuit "l'horreur noir" de ce monde en s'entourant de luxe, d'argent, et qui, d'autre part (cf. le roman Es ist genug), est profondément attaché à ses enfants, tout en sentant douloureusement la distance qui le sépare d'eux.

Malgré l'apparence loufoque, l'architecture de l'œuvre est rigoureuse: l'acte central opposant le Milliardaire à ses enfants, puis le confrontant au Secrétaire, constitue le pivot de la pièce. Le premier et le dernier acte se répondent: le Fils et l'Homme en gris ont suivi une trajectoire exactement inverse, et ce renversement se reflète dans leur dialogue avec le Milliardaire.

Dans une lettre à sa femme du 30 décembre 1920, Kaiser notait: "Peut-être la trilogie Gaz restera-t-elle pour toute éternité-".