Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : Gorod pravdy
  • Date d'écriture : 1923

La pièce

  • Genre : allégorie politique
  • Nombre d'actes et de scènes : Trois actes.
  • Décors : Acte un : un désert avec la ville au loin Acte deux et trois : une place de la ville
  • Durée approximative : 120 mn
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

De retour d’une longue expédition en Chine, des soldats rentrent chez eux en Russie. Dans le désert, ils découvrent la Ville de la vérité, où règne la paix, mais aussi « l’ennui » : une égalité parfaite, une totale a-conflictualité, le culte du travail. L’amour, la souffrance, le crime, les affects sont inconnus. La ville est administrée par des « anciens » sages et non-violents. La collision avec les soldats russes vivants, rebelles et violents, que rebute ce « pays des morts », « pays de machines », va produire la « catastrophe ».

Le groupe des soldats se révolte contre ses chefs : le Commissaire, qui fait semblant de « croire » à la possibilité de concilier les incompatibles et de fonder un monde « de l’égalité et du sang, de l’ordre et du rire, de la loi et de la lutte », et qui se fait obéir par la force ; le Docteur, cyniquement incrédule, qui juge que la recherche de pareil monde est vaine et sans fin.

Les soldats, par leur seule vitalité brutale, provoquent chez les jeunes de la ville, filles et garçons, désir, jalousie et meurtres. La pièce finit dans un massacre nocturne général des gens de la ville par les soldats. Quand les Russes repartent, un adolescent rescapé veut partir avec eux, au prix de l’assassinat, commandé par le Commissaire, du Docteur qui meurt en criant son incrédulité.

Regard du traducteur

On reconnaît dans cette « anti-utopie » la théâtralisation de motifs d’époque, brillamment exploités par Evgueni Zamiatine dans son roman Nous, écrit en 1921. Luntz, membre du groupe des « Frères de Sérapion », ne pouvait pas ignorer le texte inédit de Zamiatine, un des maîtres en littérature des Sérapion. On retrouve dans la pièce le motif de l’affrontement d’un monde parfaitement régulé, mécanisé, inerte, sans affect et sans violence, et d’un monde vital, brutal et désirant jusqu’au meurtre. On y lit en filigrane un questionnement sur les destinées possibles de la révolution bolchévique en voie d’institutionnalisation. La pièce a bien évidemment un côté abstrait et didactique ; mais elle est animée par une véritable tension intérieure, portée par des personnages sommaires, mais vivement dessinés, et la volontaire non-résolution du conflit exposé lui donne sa valeur dramatique.