La Blessure au côté

de Pilar Campos Gallego

Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis

Écriture

  • Pays d'origine : Espagne
  • Titre original : La herida en el costado
  • Date d'écriture : 2001
  • Date de traduction : 2006

La pièce

  • Genre : drame fondé sur des faits réels
  • Nombre d'actes et de scènes : un acte
  • Décors : deux espaces contigus
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
  • Domaine : protégé (l'auteur)
  • Lecture publique :
    • Date : 2001
    • Lieu : Casa de las Américas, Madrid

Édition

Résumé

Eichmann, dignitaire nazi, bourreau dans les camps d'extermination, est le protagoniste autour duquel se situent les autres personnages. Il vit désormais en Argentine, sous une fausse identité. Son appartement est surveillé d'une fenêtre en face, s'ouvrant sur un autre appartement, par Eitan et Nok, "chasseurs de nazis". Ils surveillent de leur fenêtre les allées et venues de la famille, mais d'abord d'Eichmann, qu'ils projettent d'enlever (on sait qu'Eichmann a bel et bien été enlevé en Argentine et ramené par avion en Israël, où il a été jugé et exécuté. Voir le livre de Hannah Arendt). Dans l’appartement, Eichmann, sa femme, sa fille, une collection de papillons qui sent le renfermé. Paroxysme, peu à peu, de la folie, de la traque, de l’enfermement et de la mémoire —comme des insectes dans un bocal. En face, exaspération du voyeurisme et de l’action reportée à plus tard. D’un côté, parole interdite, de l’autre, entravée par l’attente et le secret. Des deux côtés, surtension et incertitude.

Regard du traducteur

Une pièce sur l’enfermement, le regard, la mémoire, l’action. Le regard de l’un sur l’autre et le jeu du regard. Voir l’ouvrage de Georges Banu paru cette année (2006) sur le théâtre du regard. C’est exactement dans la même optique (oui, c’est voulu). Faire jouer ceux qui sont regardés alors qu’ils se cachent ; les voyeurs sont dans leur droit, mais n’en ressentent pas moins un malaise. Au bout du compte, le spectateur ne sait plus où va son intérêt, sa compassion, son adhésion. D’ailleurs, à partir de quand sait-on qu’on est regardé ? L’effrayante collection de papillons, insectes en bocal, cloués sur la planchette, l’odeur de produit et de vague poussière suggérée, la poussière des ailes qui tombe, les ailes qui perdent leur éclat. Déliquescence effrayante. Même la fraîcheur de la petite fille est entachée par cette poussière sournoise qui est aussi la mémoire d’événements incompris par elle et perçus comme dans un rêve, figés. La banalité des lieux et de tout ce qui se passe rigidifie aussi, glace. Du côté des chasseurs de nazis, services secrets israéliens, l’action et la raison sont aux prises avec le trouble du voyeurisme et de l’attente. Les deux hommes savent, mais peuvent-ils en croire leurs yeux ? Donc trouble de la vue, exaspération, attente, mémoire terrible, refus de voir.