Entretiens avec des astronautes

de Felicia Zeller

Traduit de l'allemand par Eric Dortu

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Gespräche mit Astronauten
  • Date d'écriture : 2009
  • Date de traduction : 2015

La pièce

  • Nombre d'actes et de scènes : pas de véritable répartition en scènes ou actes
  • Nombre de personnages :
    • 17 au total
    • 7 homme(s)
    • 10 femme(s)
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Il est question dans Entretiens avec des astronautes de relations de travail entre les membres d’une équipe internationale collaborant dans une station spatiale, mais surtout des rapports unissant des jeunes filles au pair étrangères, issues de pays imaginaires pourtant bien reconnaissables, à leurs patronnes, jeunes femmes actives émancipées et autoritaires, mères d’enfants tyranniques et parfois épouses d’hommes absents. La pièce n’est pas sans rappeler Les Bonnes de Genet. Il s’agit d’un univers essentiellement féminin, les hommes étant relégués à un statut d’êtres inconsistants, irréels, coupés de tout contact avec l’organisation concrète d’une vie de famille, flottant dans les airs comme ces astronautes qui ne communiquent avec leurs proches que sur des écrans. Ces femmes de nationalités, d’âges et de statuts sociaux différents, patronnes et jeunes filles au pair, sont liées par des dépendances mutuelles qui génèrent toutes sortes de sentiments allant de la reconnaissance et du dévouement à la méfiance, au mépris et à la haine. Cet asservissement mutuel est tel qu’à la fin de la pièce ces liens inextricables atteignent leur paroxysme et semblent ne pouvoir conduire qu’au mariage de deux d’entre elles (clin d’œil aux lois de la Chamalagne/Allemagne qui permettent les unions de personnes du même sexe) évitant ainsi l’expulsion à la jeune étrangère qui s’est sacrifiée pour sa patronne. Les frontières entre domaine professionnel et sphère privée deviennent de ce fait très floues, flottantes. Travail et sentiments s’entremêlent : une jeune fille au pair fait-elle vraiment partie de la famille ?

Plus que de dialogues, il s’agit davantage de monologues dans lesquels les personnages se parlent à eux-mêmes en se citant mutuellement, reprenant les termes favoris, les tics de langage de chacun, phrases tronquées dont on doit deviner la fin, jeux de mots, expressions allemandes déformées par des étrangères et qu’il convient de corriger pour comprendre ce flux verbal incessant, autant de procédés qui génèrent à la fois le comique et déconcertent en créant une ambiguïté permanente sur l’identité des locuteurs.

Regard du traducteur

La pièce, au-delà de sa dimension sociale critique, suscite le rire par une forme de cacophonie et son incroyable inventivité verbale. Les travers de la nouvelle classe dirigeante féminine sont vus par le prisme déformant de jeunes immigrées avides de liberté, qui restituent avec leurs propres moyens linguistiques leur perception des nouveaux rapports de domination qu’elles subissent. Le texte déroutant est assimilé à des bulles d’air en apesanteur qu’il convient d’intercepter. Où est le haut, le bas ? Les rapports sociaux semblent inversés, bouleversés, comme dans une station spatiale.