C'était bien les beaux jours

de Andreas Marber

Traduit de l'allemand par Jörn Cambreleng

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Das sind sie schon gewesen, die besseren Tage
  • Date d'écriture : 1994

La pièce

  • Genre : Comédie sociale déglinguée
  • Nombre d'actes et de scènes : 1 scène entrecoupée d'un entracte de vingt minutes au milieu d'une phrase
  • Décors : 1
  • Nombre de personnages : 14(9 comédiens ou comédiennes minimum) dont 10 homme(s) et 4 femme(s)
  • Durée approximative : deux heures
  • Création :
    • Période : 20 novembre 1994
    • Lieu : Staatstheater, Stuttgart
  • Domaine : protégé : L'Arche éditeur

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Un bar à Stuttgart. Un homme, prophète de comptoir, a des problèmes d'incontinence, urinaire et verbale. Le patron, laconique, essuie les verres et les tabourets. Un écrivain de romans de gare vient pêcher des répliques. Le juke-box yoyote et on licencie chez Daimler Chrylser. Echoués dans ce cimetière des désirs, des hommes déroulent rituellement le fil du temps, entre bière, demi-poulet et jeux de mots foireux. Ils sont les témoins frustrés d'un temps qui s'est figé pour eux, ils dérivent hors d'un monde dont ils ne veulent ou ne peuvent plus rien savoir. Dans ce microcosme ritualisé, ce temple de l'immobilisme, l'arrivée des femmes crée l'événement : une femme entre deux ‚ges en quête d'amour, deux aventurières des temps modernes, une jeune mariée alimentent, un temps, les fantasmes masculins. Leurs intrusions successives sont autant de préludes à l'irruption du féminin là où on l'attend le moins.

Regard du traducteur

Ce que la pièce raconte, au delà de la situation d'attente, c'est une fin de règne à l'œuvre. A la nostalgie d'un capitalisme qui générait un monde ouvrier et une conscience de classe ouvrière pour celui qui vient de l'Est répond le rejet mou et désenchanté du capitalisme par ceux de l'Ouest. Cette crise des identités sociales se double d'une crise des identités sexuées, et d'une crise du désir. L'homme parle avec les mots des autres. La femme se fond tant dans le désir des autres qu'elle devient ce que les autres disent d'elle. La confusion identitaire concerne tous les personnages de la pièce. On s'y définit par le miroir de la parole et, dans le même temps, chacun parle pour soi. Pas tant pour informer les autres que pour se convaincre, renverser les points de vue, douter. La langue a cette maladie là, elle hésite. La ponctuation est minimale, même les points d'interrogation disparaissent, introduisant paradoxalement un doute supplémentaire sur toutes les phrases affirmatives. Ce qui semble être une chronique sociale est faussé de l'intérieur. Les apparences classiques de la pièce se lézardent sous l'effet d'une savante et savoureuse invraisemblance. L'humour que déploie Andreas Marber, comme souvent dans son œuvre, se fonde sur un plaisir féroce à mettre en œuvre puis à faire exploser les règles de la bonne dramaturgie.