Écriture

  • Pays d'origine : Russie
  • Titre original : Lodka (Pered Potopom)
  • Date d'écriture : 2006
  • Date de traduction : 2008

La pièce

  • Genre : tragi-farce
  • Nombre d'actes et de scènes : six actes/tableaux
  • Décors : magasin, appartement, bureau, théâtre, cour d’immeuble
  • Nombre de personnages :
    • 9 au total
    • 7 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 1h30
  • Domaine : protégé : Editions de l’Arche, sous convention avec la traductrice

Édition

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Résumé

La pièce est une fantaisie décalée sur le motif du Déluge, dans la Bible. Le héros, Èon, est un nouveau Noé.

Six actes-tableaux.

Acte un : Dieu se promène incognito, sous la forme d’un simple employé, dans un supermarché qui figure le monde où nous vivons. Ce qu’il voit ne lui plaît pas, il a décidé de tout recommencer à zéro et d’envoyer sur terre un nouveau Déluge. Il choisit pour en être le héros un nouveau Noé, Éon, qui lui paraît moins corrompu que les autres hommes. Éon trouvera dans un paquet de chips « Lays » un lot gagnant, un yacht qu’il aura mission, tel Noé, de charger d’espèces animales destinées à survivre et à repeupler le monde. Dès que Noé montera dans l’arche, le Déluge s’abattra sur le monde.

Acte deux, un appartement : la seconde femme de Éon et son fils d’un premier mariage font le décompte des dépenses nécessaires à l’anniversaire de l’adolescent. Ils concluent que mâcher des feuilles de coca venues de Bolivie réduira considérablement la dépense, pour le même effet euphorisant. Éon, rentré avec les chips, débat avec sa femme sur le contenu d’un article qu’elle vient de lire et qui démontre que l’attirance sexuelle est fondée sur la compatibilité des odeurs. Dispute et réconciliation. Il trouve le numéro gagnant dans les chips et raconte la scène au supermarché.

Acte trois, dans un bureau : un homme âgé vient demander à un fonctionnaire l’autorisation d’enterrer sa femme, parfaitement vivante, chez lui dans son jardin. Refus. Arrive Éon, en quête d’une autorisation pour acheter des animaux au zoo afin de peupler son arche. Le fonctionnaire commence à philosopher.

Acte quatre : un homme et une femme. L’homme revient de loin, après une absence de deux ans, qu’il a passés en Amérique, en prison pour terrorisme. Longue scène de ménage inepte. Elle avoue avoir trompé son mari avec un vieil homme dont le fils venait d’être tué en Irak, et aussi de s’être fait avorter. Réconciliation.

On découvre que c’était la répétition d’une scène de théâtre. Entre Éon, qui prend la place de l’homme. Il s’en prend à son ex-femme, au théâtre contemporain, frappe le partenaire de la femme, annonce son départ définitif et s’en va.

Acte cinq. L’appartement de l’acte deux. Le fils et la seconde femme mâchent de la coca et dansent des danses orientales. Entrent des policiers appelés pour tapage nocturne. Ils repèrent la coca, la mangent comme de la salade, avec de la mayonnaise, l’un d’eux évoque l’élevage clandestin des cochons aux temps du totalitarisme. Arrive Éon avec le gorille Arthur. Discussion générale sur le Déluge et la fin du monde. Entrent deux représentants de la firme Lays, ruinée, qui proposent de remplacer le yacht par une barque à moteur. Intervient Arthur, qui explique que l’histoire de Noé ne doit pas se répéter, que l’arche, c’est le corps de l’homme, qui, chaque jour, doit sauver son seul bien inaliénable, son âme.

Acte six. Éon s’apprête à partir sur la barque, avec sa femme, son fils et le gorille. Arrivent successivement, dans l’intention de partir avec eux : le fonctionnaire avec son boa ; la première femme avec un Molière en bronze comme cadeau d’anniversaire pour son fils ; le policier avec de la viande ; les deux représentants de Lays. Éon les repousse et veut partir. S’il part, le Déluge va commencer. Le fils dérobe le pistolet du policier, tire sur son père et se met à lire Salinger. Le policier le met en état d’arrestation. La première femme a l’espoir que ce ne soit que du théâtre. Tous sortent, sauf Arthur. Il monte dans la barque, et le Déluge commence. Fin.

Regard du traducteur

Une inquiétante bouffonnerie

On retrouve dans Avant le Déluge (La Barque), un texte récent des Frères Presniakov, tous les traits de leur théâtre : farce, délire, rapidité, incongruité, grossièreté contrôlée, questionnement sous-jacent sur notre monde contemporain et ses destinées.

Avant le Déluge s’inscrit dans la série de pièces des Presniakov (Esprits captifs, Playing the victim, Résurrection Super) qui montrent l’homme ordinaire, humain-trop-humain, rabaissé, dérisoire, aux prises avec ce que lui-même a produit. La farce Hénaurme y est au service d’une réflexion fine et peu optimiste sur ce que nous vivons aujourd’hui.

D’où l’urgence et l’universalité de pièces qui doivent absolument exister en terrain français.