Écriture

  • Pays d'origine : Japon
  • Titre original : A O I
  • Date d'écriture : 2003

La pièce

  • Décors : 1 chaise (de coiffeur), 1 mannequin, 1 miroir, images projetées.
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 2 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 1h
  • Création :
    • Période : 14 - 30 novembre 2003 et 6 - 7 décembre 2003
    • Lieu : Setagaya Public Theater, Tokyo - Studio 21, Kyoto
  • Domaine : Takeshi Kawamura

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

AOI, la maîtresse de Hikaru, patron d'un salon de coiffure "branché", s'est enfuie de l'hôpital psychiatrique et exige de Toru, le jeune apprenti, qu'il lui coupe les cheveux. Hikaru comprend qu'AOI est possédée par l'esprit jaloux de son ancienne maîtresse Rokujo. Celle-ci réapparaît pour une douloureuse confrontation avec le passé, dont les personnages sortiront, non pas délivrés, mais plus que jamais en proie à leurs éternelles obsessions de jeunesse, de sexe et de mort.

Regard du traducteur

Cette pièce, d'une grande originalité, à l'atmosphère étrange et envoûtante, mêle d'une façon très japonaise fantasme et réalité, poésie onirique et décor banal. Les quatre personnages sont directement empruntés au Dit du Genji, de Murasaki Shikibu, œuvre du 10è siècle contant les multiples amours du Prince Hikaru Genji et notamment la vengeance de son ancienne maîtresse, Dame Rokujo, dont l'esprit jaloux va, de son vivant, et à l'insu même de la dame, posséder puis tuer sa rivale, Aoi. Si la pièce de Kawamura, elle, se termine bien, il ne s'agit pas moins ici du surgissement des puissantes forces de l'inconscient dans le quotidien. Ce chassé-croisé amoureux qui prend parfois des accents de théâtre de boulevard, est entrecoupé de longs monologues, pleins d'une poésie surréaliste, aux résonances profondes et diverses. Pour cette lente mise en abîme, à la manière des "Nô modernes" de Mishima, Kawamura ne puise pas seulement son inspiration dans les mythes japonais : on songe au Prince Hikaru Genji, mais aussi à Samson et Dalila, à Barbe-Bleue, Hamlet ou encore aux Liaisons Dangereuses. Certaines références restent très japonaises (par exemple, la "dernière coupe" de Rokujo qui, dans le "Dit du Genji" se fait nonne -et donc se rase les cheveux- pour expier le mal fait à Aoi). Il se dégage cependant de cette réflexion sur la perversité et l'ambivalence du lien amoureux une dimension universelle à laquelle le public français ne peut manquer d'être sensible.