Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Jonas Jagow
  • Date d'écriture : 2012
  • Date de traduction : 2014

La pièce

  • Genre : première et dernière pièce dada du Saint-Empire berlinois européen (sic)
  • Nombre d'actes et de scènes : 62 scènes, 5 parties, 3 chapitres, 2 épisodes, 1 acte, 1 chanson, 1 ballade, 1 pause
  • Décors : ad libitum
  • Nombre de personnages : dont homme(s) et femme(s)
  • Durée approximative : variable
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

Jonas Jagow, « jeune et de mauvaise humeur », ferait bien disparaître l’univers tout entier si ce dernier n’était pas « bien trop grand » et si « le détruire [n’était pas] trop dur pour l’instant ». Pour l’heure, il se contentera de Berlin. Mais la capitale allemande se montre plus coriace que prévu laissant notre héros sans peur ni trop de reproches avec une colère inassouvie. Au cours de son périple, Jonas rencontrera le diable dans un bus de nuit en route pour Wedding ; à Lichtenberg, des canards pékinois feront leur révolution culturelle ; on parlera relations amoureuses dans le lit de la Reine de Tempelhof ; des touristes à têtes de chouette et des galeristes underground se rencontreront dans le club techno souterrain « La Taupe » ; le chœur des maires et des adjoints au maire pousseront la chansonnette, et même la Rosenthaler Platz aura son mot à dire. Il n’y a pas jusqu’aux éléments cosmiques qui ne se déchaînent sur cette maudite ville qui tient bon. Ne reste plus dès lors à notre pathétique héros que de « partir d’ici, partir loin ».

Passant sans complexe de la comédie cabotine à l’épopée héroïque en passant par les grands tableaux expressionnistes, le texte est un Moloch qui festoie des personnages, des lieux et du temps, le tout dans un joyeux chaos qui semble avoir même affecté le théâtre. Et plutôt que d’unifier, d’ordonner ce chaos, Michel Decar s’en fait le chantre en écrivant une pièce débordante d’imagination, de plaisir de la surenchère et d’un humour que ne désavoueraient pas les dadaïstes.

Regard du traducteur

Jonas Jagow est une pièce difficile à résumer : la succession des scènes n’est pas linéaire, sa numérotation tout sauf logique ; les personnages apparaissent pour disparaître aussitôt ; on se trouve tantôt dans une boîte de nuit, tantôt dans un bunker réhabilité en galerie d’exposition. Seul Jonas Jagow, le personnage « principal » qui ne jure que par la destruction de Berlin, traverse de part en part cet œuvre inclassable et iconoclaste dont la seule constance est de persévérer dans l’inconstance, dans une fuite en avant vers le désordre et le chaos à laquelle même le théâtre ne saurait se soustraire.

Ainsi, graphie, narration et style varient sans cesse. À cet égard, le côté fragmentaire de la pièce fait songer au Woyzeck de Büchner, les titrages burlesques ne sont pas sans rappeler Brecht et le ton Jeff Koons de Rainald Goetz. La langue puissante et l’humour mordant ont de quoi surprendre chez un dramaturge aussi jeune, dont l’écriture parvient à saisir des pans de notre réalité par le biais de fulgurances qui relèvent plus de l’intuition que de la froide intellection. Et c’est bien cela qui distingue Michel Decar des autres auteurs de la nouvelle scène théâtrale allemande, en faisant par là même une nouvelle voix des plus prometteuses.


Traduction distinguée par la bourse Transfert Théâtral.