Tourista

de Marius von Mayenburg

Traduit de l'allemand par Alexandre Plank

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Turista
  • Date d'écriture : 2005
  • Date de traduction : 2008

La pièce

  • Genre : Tragi-comédie sociale satirique
  • Nombre d'actes et de scènes : 7 actes
  • Décors : Un camping : une forêt, une carrière, le bord d'une rivière
  • Nombre de personnages :
    • 24 au total
    • 16 homme(s)
    • 8 femme(s)
  • Durée approximative : 2h30
  • Création :
    • Période : mai 2005
    • Lieu : Schaubühne, Berlin et Festival Wiener Festwochen, Vienne
  • Domaine : protégé : L'Arche Editeur

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Sur un terrain de camping, le jeune Oli est retrouvé mort, le corps flottant parmi les roseaux de la rivière. Cette mort, au cours de six épisodes correspondant à six journées, se répète. Oli mourra six fois et chaque mort est un nouveau meurtre : qu’il soit abattu par des chasseurs, déchiqueté par un psychotique, étranglé par un pédophile, qu’il succombe aux coups de son père ou bien que son frère jumeau le laisse mourir de déshydratation, le même médecin viendra chaque jour constater un nouvel homicide. Mais si chaque mort est le fait d’un assassin différent, personne n’est innocent pourtant et de ces crimes, chacun des personnages de Turista – que ce soit par égoïsme, aveuglement ou perversion – devient alors coupable. La famille d’Oli, recomposée dans la douleur et vivant cachée au camping depuis que la mère a quitté le père, un flic alcoolique. Les voisins de camping-car, dont la sexualité en berne offre à une salopette bavaroise de réveiller des pulsions pédophiles. D’autres campeurs, qui, ne parvenant à assumer la perte de leur fils lors d’un accident, confondent Oli et ce dernier, que des extraterrestres auraient « réparé » puis ramené sur terre. A l’extérieur du camping, ce sont quatre déséquilibrés accompagnés d’un assistant social et d’un médecin qui répètent Hansel et Gretel en espérant guérir de leur traumatisme d’enfance. Ce sont encore des villageois chauvins qui, parce qu’ils détestent les touristes, profèrent menaces et hurlent insanités. Oli, l’innocente victime, sera le bouc émissaire d’une telle communauté. Par la répétition de la violence et les différentes mises à mort d’un jeune sacrifié, une société s’invente en rejetant sans cesse plus loin fautes et culpabilité. Le septième jour – jour de la représentation par les malades d’Hansel et Gretel face aux campeurs – cette société expiera ses crimes en mourant empoisonnée par un pudding. Oli lui, vivra et, accompagné d’un couple d’adolescents, il pourra alors sortir de la forêt.

Regard du traducteur

Un groupe d'individus confiné dans un camping tenant lieu de huit clos se confronte à ses non-dits, ses frustrations et ses traumatismes. La cellule familiale est étouffante et malsaine, les relations amoureuses sont dissolues et perverses, le quotidien est sinistre et pesant. En deçà de la surface d'une très précaire normalité, brutalité et violence sont latentes. Elles exploseront en s'accomplissant dans le meurtre d'un enfant. Si Mayenburg ne s'attache pas à donner de raisons logiques et de mobiles nécessaires à celui-ci, c'est parce qu'ils sont évidemment diffus : l'enfant, victime expiatoire, payera pour les maux et les méfaits de chacun.

Suivant en cela la tradition littéraire allemande des Kindertragödien, Tourista est un drame de la communauté. Le huis clos du camping devient ainsi un implacable laboratoire des relations humaines. Laboratoire qui rapidement se transformera en un champ de bataille. Les six premiers épisodes, conclus par la mort d'Oli, expérimentent l'impossible rencontre d'individus de groupes sociaux, d'âges et d'horizons différents. Trois familles soudées à la va-vite, deux jeunes amants dont l'un souffre d'une maladie incurable, un groupe de malades mentaux en cours de traitement et des villageois rustres et aigris. Une cohabitation malaisée d'où surgiront rivalités et affrontements. Et par laquelle des personnages cherchant à fuir leurs problèmes découvriront qu'ils en sont eux-mêmes la source. Des situations on ne peut plus ordinaires dérapent alors pour révéler la cruauté et la férocité de chacun. Une simple rencontre avec les villageois tourne à l'esclandre. Une innocente partie de minigolf au carnage. Un enfant enfile une salopette et finit violé par son père. Le dernier jour, face à la représentation d'Hansel et Gretel et au moment même où toutes les tensions semblent apaisées, tous mourront, de leur égoïsme encore, en se goinfrant d'un pudding destiné pourtant à empoisonner Oli.