Écriture

  • Pays d'origine : Moldavie
  • Titre original : That moment
  • Date d'écriture : 2013
  • Date de traduction : 2014

La pièce

  • Genre : théâtre politique
  • Décors : non précisé
  • Nombre de personnages : dont homme(s) et femme(s)
  • Durée approximative : 30 mn
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

That moment a comme point de départ un fait réel qui a eu lieu, de nos jours, en Moldavie : un père a coupé le doigt de son enfant car ce dernier lui a volé de l’argent dans son porte-monnaie. Même si le texte semble être une fiction, les évènements qui s’y déroulent sont basés sur des faits réels. That moment parle d’argent, de carrière, de politique et de mensonges. Et aussi de that moment quand tu es « adibas » et que tu rêves de devenir « adidas ».

La version française de That moment est une commande de Véronique Bellegarde pour son projet de création « Mensonges ». That moment été lu pour la première fois sous sa direction à La Mousson d'été en 2014.

Regard du traducteur

En mariant avec une ironie grinçante le récit réaliste et le conte, le calcul froid du coût de revient d’un enfant et l’argent qui pousse dans les arbres, la fraude aux aides sociales et les formules magiques, Nicoleta Esinencu interroge avec intelligence les ressorts d’une société où tout est marchand et corrompu.

À travers l’histoire d’un enfant qui se fait hacher le doigt par son père pour quelques pièces dérobées et le récit de l’adulte qu’il devient, le texte nous plonge dans un monde cupide, corruptible à merci où notre société marchande, aliénante et aliénée est disséquée au scalpel. Tout rapport social est monnayable, on achète les médecins pour qu’ils soignent comme il faut, les enseignants pour qu’ils mettent des bonnes notes, on vend le rein de l’enfant de son voisin pour acheter un Iphone à son fils.
Le jeune homme devenu adulte s’est acheté un poste de procureur. Sa femme est une débitrice compulsive, accro à sa carte bleue et à ses billets, ses fantasmes de l’american dream sont érigés en valeur absolue.
Avec That moment on est dans le domaine de l’avoir et non de l’être où le besoin de thésauriser est un moyen d’affirmer sa puissance. Mais pourquoi s’arrêter là ? Pourquoi ne pas organiser un simulacre de justice et vendre le pays voisin au plus offrant ?

Comme souvent dans la dramaturgie d’Esinencu, on retrouve le pronom « tu », frontal et intime et un traitement direct et épuré de la langue. Les phrases sont très courtes avec de nombreux retours à la ligne qui donnent un rythme très soutenu, syncopé.

Avec un verbe incisif, tranchant, That moment propose une critique cinglante de la société de consommation, de la corruption et du mensonge généralisés, s’insinuant dans la cellule familiale comme dans la sphère politique, allant jusqu’à contaminer un pays entier.