Les arnaqueurs

de Ilir (Ilirjan) Bezhani

Traduit de l'albanais par Christiane Montécot

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Albanie
  • Titre original : Mashtruesit
  • Date de traduction : 30

La pièce

  • Genre : Comédie
  • Nombre d'actes et de scènes : sans subdivision
  • Décors : petit café dans une arrière cour
  • Nombre de personnages :
    • 11 au total
    • 9 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Création :
    • Période : avril 1996
    • Lieu : théâtre National de Tirana
  • Domaine : protégé

Édition

Résumé

Dans une Albanie contemporaine aux prises avec le capitalisme sauvage et l'un de ses effets, l'usure, les personnages, tous joyeusement corrompus, tentent sans cesse de tirer profit les uns des autres, tout en rêvant d'émigrer en Amérique. Pour rembourser ses dettes, Rrako imagine de vendre à une famille grecque l'enfant qu'attend sa femme Juli. Or, les candidats à la paternité de cet enfant se multiplient au fil de la pièce. Des personnages de plus en plus loufoques apparaissent, dont l'Européen, fonctionnaire communautaire, "pigeon" idéal, ou Leké, escroc se faisant passer pour un personnage historique ressuscité. Les deux personnages les plus rusés fuient à l'étranger ; "La misère, on n'en sort jamais", concluent les autres, résignés.

Regard du traducteur

Comme les autres comédies récentes d'Ilir Bezhani, Les arnaqueurs met en scène, avec beaucoup de vivacité et sur un mode comique proche de la farce, les difficultés dans lesquelles se débat aujourd'hui l'Albanie. Aucun personnage n'en sort indemne, puisque tous participent, d'une manière ou d'une autre, à une ambiance d'arnaque généralisée.

La pièce, qui ne comporte aucune subdivision, est un chassé-croisé permanent. Les personnages entrent et sortent constamment et tous les mécanismes du vaudeville sont mis en œuvre : confusion de personnes, jeux de mots, apartés, conversations saisies furtivement, trahisons conjugales et amours illicites. L'originalité de cette pièce consiste précisément à mettre ce mécanisme presque classique au service d'une situation tout à fait inattendue, à l'Est, en pleine fin de vingtième siècle.

Le jeu peut s'orienter soit vers la farce, le grotesque, en poussant le ridicule des situations à son paroxysme (c'est, d'après l'enregistrement vidéo disponible, la manière dont le public albanais a reçu cette pièce), soit vers le drame social et économique sous-jacent, le ridicule ouvrant sur une forme de compassion et servant à masquer l'amertume d'une population à la dérive, réduite à l'arnaque à force d'avoir été arnaquée par tous, dirigeants, coopérants, puissances étrangères et moralistes de tout poil.

Créée en avril 1996, cette comédie annonce le scandale des pyramides financières qui éclatera début 1997 et débouchera sur une insurrection faisant près d'un millier de morts.