Le Talisman

de Johann Nestroy

Traduit de l'allemand par Virginie Bauzou

Écriture

  • Pays d'origine : Autriche
  • Titre original : Der Talisman
  • Date d'écriture : 1840
  • Date de traduction : 2008

La pièce

  • Genre : Farce
  • Nombre d'actes et de scènes : 3 actes, 70 scènes
  • Décors : 2 extérieurs : une place de village ; une partie du jardin au pied du château. 4 intérieurs : chez la jardinière ; une salle du château de la comtesse ; une seconde salle du château ; une troisième salle du château.
  • Nombre de personnages :
    • 18 au total
    • 12 homme(s)
    • 6 femme(s)
  • Durée approximative : 1H40
  • Création :
    • Période : 1840
    • Lieu : Theater an der Wien, Vienne
  • Domaine : public

Édition

Résumé

Comment faire carrière quand on est affublé d'une tignasse flamboyante qui fait de vous un paria ? Titus le « rouquin », raillé, accusé de ruse et de fourberie parce que roux, a fui la ville. Ce compagnon barbier n'est plus qu'un vagabond. N'ayant d'autre choix, pour tenter d'arriver, que d'avoir bel et bien recours à la ruse et à la fourberie (où il développe de réels talents, roux ou pas), il dissimule sa rousseur sous une perruque brune d'abord, blonde ensuite. En quelques heures, grâce au pouvoir de séduction de ces postiches qu'il fait passer pour sa vraie chevelure, il connaît une ascension fulgurante. Trois veuves succombent tour à tour à son charme (la jardinière, la femme de chambre, la comtesse). Mais un coup de théâtre fracassant décoiffe l'imposteur : il est roux ! Et de nouveau vagabond. La perruque de la dernière chance, grise cette fois, permet au « rouquin » de berner son unique parent, un vieux parvenu bien décidé à le déshériter. D'infâme rejeton, Titus se voit promu légataire universel. Les trois veuves en oublient aussitôt leur horreur du rouge. Nouveau coup de théâtre : Titus est plus roux que jamais ! Peu lui importe. Acceptant de se faire établir en ville, mais renonçant de lui-même à tout héritage, il choisit – ultime pied de nez à tous – d'épouser sa compagne d'infortune : la petite gardeuse d'oies, rousse elle aussi et fière de l'être, qui n'a d'yeux que pour la crinière de feu du pauvre diable.  

Regard du traducteur

Cette farce du « théâtre populaire viennois » cache en réalité une pièce intemporelle, qui domine peut-être l'œuvre de Nestroy. Autour de la question de la « rousseur », du « rouge », Le Talisman touche à bien des points sensibles sous des dehors vaudevillesques, voire clownesques. Avec pour grand thème le rejet de la différence assorti du préjugé, la fable, telle que l'auteur la traite, nous fait rire tout en nous malmenant et en remuant les souvenirs les plus troubles de notre mémoire collective. Pièce satirique jusqu'à l'autodérision, Le Talisman illustre ce type de farce philosophique qui n'appartient qu'à Nestroy. Bref, une bouffonnerie à la fois naïve et profonde, que j'ai donc eu à cœur de défendre en français tout en restant attachée à son parfum autrichien. Virginie Bauzou