Le cavalier de la divine providence

de Oscar Liera

Traduit de l'espagnol par Michèle Sigal

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Mexique
  • Titre original : El Jinete de la Divina Providencia
  • Date de traduction : 1995

La pièce

  • Genre : farce tragique
  • Nombre d'actes et de scènes : 2 actes
  • Décors : Pas de décor mais deux espaces concentriques correspondant aux deux époques. Des accessoires et notamment des chaises pour l'espace périphérique (époque contemporaine), des pierres pour l'espace intérieur (XIX° siècle).
  • Nombre de personnages :
    • 19 au total
  • Création :
    • Période : 7 juillet 1984
    • Lieu : Culiacán - Etat de Sinaloa - Mexique
  • Domaine : protégé : SOGEM (Sociedad General de Escritores de Mexico)

Édition

Résumé

L'élément unificateur de la pièce est la figure non incarnée mais omniprésente de Malverde, hors-la-loi mexicain du XIX° siècle qui dépouillait les riches au bénéfice des pauvres et qui, après sa mort, aurait accompli une foule de miracles, suscitant ainsi un culte populaire qui s'est perpétué jusqu'à nos jours.

La pièce se déroule simultanément à deux époques distinctes :
-l'époque actuelle, où a lieu le procès en béatification de Malverde, instruit par des ecclésiastiques et faisant intervenir les témoignages de gens qui n'ont pas connu Malverde mais en perpétuent la mémoire,
-et le XIX° siècle, sous la forme de fragments non chronologiques mettant en scène le regard des contemporains de Malverde à propos de sa vie, son "œuvre", sa mort et sa survivance miraculeuse. La pièce joue sur un écho incessant entre les deux époques, dessinant ainsi l'image complexe, contradictoire et ambiguë d'un personnage dont on n'est assuré à aucun moment qu'il ait existé en dehors de l'imagination ou de la mémoire des gens. L'enjeu de la pièce est d'orchestrer la confrontation entre une vérité miraculeuse et une réalité imaginaire.

Regard du traducteur

A travers la tentative de reconstitution de l'histoire légendaire de Malverde, c'est l'histoire "véridique", à la fois réelle et imaginaire, du peuple mexicain qui s'écrit contre l'histoire officielle, celle de l'Etat, de l'Eglise et des propriétaires terriens.
Alors que les ecclésiastiques essaient de reconstituer un "portrait" moral du personnage, que la police et les riches propriétaires le poursuivent sans jamais le capturer, les témoignages de la population évoquent toujours Malverde en pleine action, en plein mouvement, en plein exploit.

Les fragments de récits ne s'organisent pas chronologiquement, mais selon le travail de la mémoire, qui cherche, se souvient, hésite, affirme, se contredit, se complète, et c'est au cœur même de ces contradictions et incertitudes, qu'émerge Malverde, insaisissable mais omniprésent, caché dans le texte mais vivant par la parole de la population, parole de conteurs et paroles de témoins. Parole tour à tour méfiante, rusée, naïve, ironique. Et aussi parole de résistance à l'oppression et à l'injustice. Se taire, c'est cacher Malverde, se faire son complice. En parler, c'est le faire exister, se faire exister, se faire témoin de son action. Mais le voir (le donner à voir), ce serait le faire disparaître.
Figure de légende, dont l'existence repose sur des témoignages contradictoires, et figure éminemment théâtrale, dont la présence repose sur la parole et la non-représentation, Malverde est un personnage populaire en qui se rejoignent le passé et le présent, à travers le témoignage des morts et des vivants.

L'imaginaire fait partie de l'expérience du réel. Bien que s'inscrivant dans la tradition littéraire mexicaine, aux confins du mythe et de l'histoire, de la vie et de la mort, cette pièce a des échos universels et intemporels. La richesse de ses propositions scéniques, leur adéquation au contenu de la pièce, la force des personnages et des situations, la chargent d'une grande densité théâtrale.