Écriture

  • Pays d'origine : Syrie
  • Date d'écriture : 2013
  • Date de traduction : 2016

La pièce

  • Genre : comédie dramatique
  • Nombre d'actes et de scènes : Trois actes et sept scènes, acte I : deux scènes, acte II : trois scènes, acte III : deux scènes
  • Décors : un appartement de la banlieue de Damas
  • Nombre de personnages :
    • 5 au total
    • 4 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Durée approximative : 105mn
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Cela se passe près de Damas. Omar, jeune metteur en scène répète La Jeune Fille et la Mort, une pièce d'Ariel Dorfman qui raconte, dans un pays qui sort d'une longue dictature, l'histoire d'un couple qui vit à l'écart. Lui, président d'une commission d'enquête sur les crimes commis, et elle, ancienne détenue abusée. Un soir, il rentre avec un homme qu'il vient de rencontrer, elle croit reconnaître la voix de son tortionnaire et le prend en otage pour le faire avouer.

Omar joue le rôle du mari et il a donné le rôle du visiteur à un ancien prisonnier politique qui a passé de nombreuses années en prison. La femme est jouée par une actrice qui vient de perdre son frère dans les geôles du régime, et dont le désir de vengeance ne sait pas quelle forme prendre. Et Omar qui répète chez lui alors que dehors le chaos commence à gronder, accueille son oncle, colonel de l'armée régulière et son jeune homme à tout faire...

Ces rencontres sont lourdes de conflits potentiels et imaginables mais Kadour nous surprend en les déplaçant pour les rendre plus sensibles que lisibles. Dans l'entrecroisement des thèmes des deux pièces, il aborde avec finesse les thèmes de la vengeance, du pardon, de la reconstruction.

Regard du traducteur

C'est un plaisir que de se replonger dans l'écriture de Waël Kadour. La force de son écriture qui fait se déployer les enjeux presqu'entre les lignes, dans ce qui ne se dit pas à l'autre, mais ce qui se dit en soi, pour son sens propre, dans une langue plus naturelle que naturaliste, une langue presque désarmante de simplicité car elle ne dit pas autre chose que ce qu'elle dit, est ici plus précise, plus incisive. Elle lui permet de jouer des récits, des présences de ses personnages pour proposer une géographie de sens dans laquelle le lecteur ou le spectateur sont concrètement mobilisés. C'est d'une certaine manière à eux de reconstituer les enjeux de ce que peuvent ressentir les personnages alors qu'ils ne l'expriment qu'en creux...

Et peut-être pour la première fois avec ce texte, Waël, comme il le dit lui-même, joue en marionnettiste des forces sourdes qu'il met en présence et qu'il déplace, comme si les éléments étaient à ce point chargés que le simple fait de les mettre côte-à-côte provoquait des mouvements profonds terrés sous les mots du quotidien. En cela il réussit à faire ressentir le basculement d'une société qui entre en guerre civile. Et à rendre sensible que ce basculement ne se fait pas sur de grandes notions philosophiques ou sur des valeurs héroïques mais bien dans les petits combats à échelle humaine, les petits combats que chacun porte en soi.

Comme pour Les Petites Chambres, il place l'action plus tôt que sa date d'écriture, c'est-à-dire en 2012, au moment où ce qui a été la révolution syrienne s'est transformé en guerre civile. Et il s'oblige au huis clos avec unité de lieu et de temps.