La Déplacée

de Heiner Müller

Traduit de l'allemand par Irène Bonnaud et Maurice Taszman

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Die Umsiedleriu
  • Date d'écriture : 1959
  • Date de traduction : 2003

La pièce

  • Genre : comédie
  • Nombre d'actes et de scènes : 15 scènes
  • Décors : 8
  • Nombre de personnages :
    • 38 au total
    • 31 homme(s)
    • 7 femme(s)
  • Création :
    • Période : octobre 1961
    • Lieu : Théâtre Universitaire (Berlin Est).
  • Domaine : Jean Jourdheuil (représentant légal France)

Édition

  • Edité par : Éditions de Minuit
  • Prix : 13.20 €
  • ISBN : 9782707319784
  • Année de parution : 2007
  • 160 pages

Résumé

Un village de l'est de l'Allemagne en 1946 : la réforme agraire distribue les terres des grands domaines aux paysans ; les "personnes déplacées" à la suite de la guerre tentent de reprendre pied ; les membres du parti communiste propagent la bonne parole ; on attend l'arrivée de tracteurs d'Ukraine ; d'anciens notables de l'époque nazie conservent leurs positions, etc.

Regard du traducteur

Ecrite de 1957 à 1961, cette comédie acerbe sur la vie d'un village de l'est de l'Allemagne valut à ses créateurs d'être bannis pour plusieurs années de la vie théâtrale et littéraire de la RDA : le metteur en scène BK Tragelehn fut "renvoyé à la production" (dans les mines de lignite), l'auteur exclu de l'Union des Ecrivains, la pièce interdite jusque dans les années 80. Le passage sans transition de la période nazie à un régime d'obédience communiste, l'afflux de "personnes déplacées", allemands expulsés de Pologne ou d'ailleurs, la réforme agraire qui transforme la vie des campagnes, tous ces bouleversements, toutes ces vies d'individus traversés par l'Histoire sont le matériau à la pièce, mais nul besoin de tout savoir du contexte historique : comme on peut jouer Shakespeare sans être spécialiste de la Guerre des deux Roses, on peut rire avec Müller sans savoir grand-chose du Meklemburg de l'après-guerre. La rapatriée est un texte important à plus d'un titre. On y voit se poursuivre avec Fondrak la lignée des personnages "asociaux" hérités du Fatzer de Brecht. Et on découvre des qualités de Müller peu connues en France : son travail sur une langue entendue dans les bistrots et les campagnes est-allemandes, irrésistible de verve et de comique, mais pliée aux exigences de l'alternance subtile entre prose et versification ; son sens foudroyant du dialogue et de la réplique cinglante qui s'estompera ensuite avec les expérimentations chorales et monologiques des pièces plus tardives ; sa capacité à écrire une comédie d'une drôlerie et d'une densité extrêmes, qui a irrigué toute son œuvre ultérieure. Comme l'auteur l'a avoué un jour dans un entretien, c'était "sa pièce préférée" car on y trouve une impertinence, une fraîcheur inégalée par la suite.