La Dame du fourgon

de Alan Bennett

Traduit de l'anglais par Gisèle Joly

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : U.K.
  • Titre original : The Lady in the van
  • Date d'écriture : 1999
  • Date de traduction : 2009

La pièce

  • Genre : comédie dramatique
  • Nombre d'actes et de scènes : 2 actes (sans scènes distinctes)
  • Décors : un plateau nu, avec un rideau de scène, plus quelques éléments de décors, apportés pour représenter la rue ou la maison d’A. B. Et puis des accessoires d’importance : deux fourgons (un pour chaque acte) et une voiture à trois roues (voir fichier de l’Introduction en annexe à la fin de la pièce).
  • Nombre de personnages :
    • 12 au total
    • 7 homme(s)
    • 5 femme(s)
  • Durée approximative : 2h
  • Création :
    • Période : 19/11/1999
    • Lieu : Queen's Theatre de londres
  • Domaine : protégé. Alan Bennett est représenté par United Agents en Angleterre et par l’agence DRAMA – Suzanne Sarquier (24 rue Feydeau, 75002 Paris, dramaparis@dramaparis.com) en France.

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

« Elle vivait dans un monde différent du commun des mortels, un monde où la Vierge Marie pouvait être rencontrée devant la Poste de Parkway, et N. Khrouchtchev un peu plus haut dans la rue ; un monde où ses conseils étaient fort appréciés des chefs d’État et où le Sacré Collège prenait acte de son avis. Se considérant comme le centre de ce monde-là, elle avait une grande confiance dans le pouvoir de l’opinion individuelle, même si celle-ci ne pouvait se faire entendre qu’à travers des pamphlets photocopiés chez Prontaprint ou lus sur le trottoir, devant la banque Williams and Glyns. »

(Alan Bennett, extrait de l’Introduction)

 

Inspirée d’un épisode réel de la vie de l’auteur, The Lady in the VanLa Dame du fourgon raconte l’histoire de Miss Shepherd, une vieille clocharde mystique qui vit dans un vieux Bedford nauséabond dans le quartier d’Alan Bennett, dans le nord de Londres. Divers incidents (actes de malveillance, problèmes de stationnement) amènent Alan B. à l’héberger avec son fourgon dans son propre jardin. L’affaire de trois mois, pense-t-il naïvement. Sauf qu’elle y restera quinze ans… jusqu’à sa mort.

La pièce raconte par fragments la cohabitation cocasse, absurde, horripilante, de l’écrivain – qui s’est métaphoriquement partagé en deux – avec cette sexagénaire excentrique, ex-bonne sœur et pianiste, chef d’un parti politique imaginaire, fana de véhicules à roues depuis ses années de guerre en tant que conductrice d’ambulance…

La Dame du fourgon se présente en deux actes, les scènes s’enchaînant la plupart du temps les unes aux autres, tels des numéros de revue : le premier acte nous montre des moments de la vie de Miss Shepherd dans la rue, puis dans le jardin d’Alan B. ; le deuxième acte, bien des années plus tard, la période qui mène à sa mort et suivra sa disparition.

(Pour plus de détails, lire la traduction de l’Introduction par l’auteur à l’édition originale, qui se trouve en annexe à la fin de la pièce.)

Regard du traducteur

Adaptée par Alan Bennett de son propre récit autobiographique paru sous forme d’article en 1989 dans la revue littéraire The London Review of Books puis dans son journal Writing Home (Faber and Faber, 1994), la pièce va bien au-delà d’une plaisante comédie psychologique évoquant les rapports de (difficile) voisinage, librement consenti, d’un « intellectuel de gauche » assez mal dans sa peau, avec une vieille clocharde excentrique et délirante.

Femme aux affirmations péremptoires, à la piété véhémente et aux projets extravagants d’animatrice de débats radiophoniques ou de candidate aux fonctions de Premier ministre, Miss Shepherd n’a rien de la clocharde urbaine traditionnelle. Elle s’imagine appartenir par essence à une communauté de femmes d’importance. Comme chez ces déficients cérébraux décrits par le Dr Sachs, elle fait preuve d’une capacité d’adaptation remarquable aux conditions matérielles les plus impossibles.

Le personnage de la mère d’Alan B – du même âge que Miss Shepherd et souffrant elle aussi de crises de délire – permet à l’auteur des comparaisons et des questionnements dérangeants. Car La Dame du fourgon est aussi une pièce sur Alan Bennett lui-même qui, tout en se dépatouillant avec les demandes ou les exigences de Miss Shepherd, se livre avec son « double » à des débats sur des sujets aussi sérieux que l’amoralité de la création artistique, la façon dont l’art se nourrit de la vie, ou encore les mobiles cachés de nos bonnes actions.

Quel est aujourd’hui notre regard sur les vieillards, les infirmes, les handicapés, les malades mentaux, voire les simples dépressifs ? Cette pièce nous invite avec beaucoup d’humour et de finesse à nous interroger sur ce que peut être la vie des laissés pour compte, des « restés en rade » de notre société ; et il est difficile de ne pas être étonné et admiratif devant ces vestiges de dignité humaine subsistant jusque dans la plus grande déchéance.

 

« Dans l’univers de Bennett, tout le monde est petit. Il n’y a pas de grands déploiements de courage ou d’esprit, ou de vigueur ; il n’y a pas non plus de cruauté énorme ni de sauvagerie, ni encore de projets de dominer le monde. Mais là, la petitesse n’est jamais un problème. Ce doit être parce que, sous l’oculaire de son microscope, tout paraît important. Dans sa mise au point miniature, le plus petit geste de gentillesse devient un très grand acte de charité, le plus court des silences peut être le plus cruel affront. Dans cette maison de poupées de petites vies qu’il règle avant tant de minutie, nous nous voyons nous-mêmes. Le dessin peut être grand ou petit ; sa vérité parfaitement proportionnée est tout ce qui compte. »

Dominic Dromgoole

The Full Room, An A-Z of Contemporary Writing