Ces affaires ne sont pas mes affaires

de Rogelio Orizondo

Traduit de l'espagnol par Christilla Vasserot

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Cuba
  • Titre original : Este maletín no es mi maletín
  • Date d'écriture : 2010
  • Date de traduction : 2016

La pièce

  • Genre : tragédie moderne et déjantée
  • Nombre d'actes et de scènes : 12 tableaux
  • Décors : non précisé
  • Nombre de personnages :
    • 2 au total
    • 1 homme(s)
    • 1 femme(s)
  • Durée approximative : 60mn
  • Création :
    • Période : 2013
    • Lieu : Cuba
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Cette pièce nous plonge au cœur de la « période spéciale » : la crise économique dans laquelle Cuba plongea suite à l’effondrement de l’Union Soviétique. La Guerre Froide prenait fin mais l’île perdait son principal interlocuteur politique et commercial. Les conséquences furent immédiatement visibles : magasins d’État vidés, pénuries d’essence, coupures d’électricité massives et à répétition. Une partie de la population cubaine choisit l’exil. Sur l’île, on cherche des solutions : pour parer au manque d’électricité, la population est sommée d’échanger ses vieux appareils électrodomestiques par d’autres, plus économiques. Les ampoules à incandescence, trop gourmandes en énergie, deviennent des pièces de musée.

Le texte de Rogelio Orizondo n’est pas une reconstitution historique. Les personnages habitent La Havane d’aujourd’hui mais ils sont le fruit de cette crise économique et idéologique sur fond de mobilisation collective et de politisation de la vie quotidienne, traitée avec autant d’irrévérence, d’impertinence et d’insolence que possible. Celle qui est chargée de l’opération « Mort à l’incandescente » (entendez l’ampoule) s’appelle Susy Cow. Elle fait la chasse aux gaspillages d’énergie mais elle-même n’a de cesse de consumer la sienne : dans le four de l’usine sidérurgique où elle se livre à un happening, ou dans les bras de son amant Le Lampion. Pendant ce temps, l’agent secret Marien 009 livre des fragments de son dossier, pastiche d’un rapport qui aurait pu être rédigé par les services du ministère de l’Intérieur cubain. Le Lampion, quant à lui, est un lector de tabaquería, un personnage comme on en trouve à Cuba depuis des lustres : un lecteur qui fait la lecture à haute voix aux ouvriers des manufactures de tabac. Des textes de différentes natures s’entrecroisent, se télescopent sans le moindre respect : les vers de José Martí, la prose de Julián del Casal, un chat sur Facebook, des listes et des consignes politiques placardées sur des panneaux d’affichage collectifs, une performance, les extraits d’un dossier secret, etc. Tout finit par entrer dans cette intrigante valise qui parfois ressemble à une boîte de Pandore.

Regard du traducteur

Difficile de qualifier ce théâtre à la fois en prise sur la réalité cubaine et totalement déjanté, irrévérencieux. C’est aussi parce que, si Rogelio Orizondo porte un regard critique sur la société au sein de laquelle il vit, ce n’est pas le pamphlet qui l’intéresse, mais la langue théâtrale, qu’il s’attache à extraire des carcans de l’idéologie, en se jouant des slogans, des mots d’ordre, pour remettre l’écriture au service du poétique.

Traduire Rogelio Orizondo est une gageure. Il écrit au plus près de la référence locale, cubaine. Mais cet ancrage est ce qui permet à ses textes de sortir des frontières de l’île dans laquelle ils ont été conçus. Son théâtre n’est pas écrit pour être exporté : au contraire, il nous invite à faire le trajet jusqu’à lui, à la faveur d’une langue sonore, insolite, qui à elle seule constitue une île bien singulière.