Peter Barnes Auteurs

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À propos de Peter Barnes

Ennemi juré du naturalisme, Peter Barnes (1931-2004) est un auteur dramatique vivifiant qui a toujours nagé à contre-courant, célébrant dans toutes ses pièces le pou­voir subversif du rire. Il a été souvent salué comme un digne héritier contemporain de Ben Jonson dont il était un fervent admirateur, et son théâtre a l’extravagance et l’imagerie frappante des Jacobéens. Mais lui-même reconnaissait fièrement sa dette envers Brecht (comme lui, il écrivait pour changer le monde) et Artaud. Né à Londres, Peter Barnes grandit dans une station balnéaire populaire de la côte est, où ses parents tenaient des stands de jeu avant de gérer deux snack-bars en bord de mer, milieu qui eut une influence indéniable sur son œuvre. Fana de cinéma, il débuta dans l’écriture par des articles pour des revues du septième art, puis entra à Warwick Films comme story editor avant d’écrire un certain nombre de scénarios de films à petit budgets, surtout des polars, et une dramatique pour la télévision. C’est par besoin d’une plus grande marge de manœuvre pour exprimer ses idées qu’il se tourna ensuite vers le théâtre, où il se fit un nom en 1968 avec sa troisième pièce, la comédie baroque The Ruling Class, qui pourfendait le torysme et les privilèges de classe. Il écrivit ensuite une série de pièces présentant des visions cauchemardesques de moments cruciaux de l’histoire : Leonardo’s Last Supper (Open Space, 1969), The Bewitched (RSC, 1974), Laughter! (Royal Court, 1978) et Red Noses (RSC, 1985). Également adaptateur d’auteurs étrangers comme Grabbe, Wedekind, Feydeau, Henri Becque et Lope de Vega, il révisa l’œuvre de Ben Jonson et d’autres auteurs élisabéthains pour la rendre plus accessible aux publics contemporains. Mais au fil des années 90, il se tourna de plus en plus vers le cinéma (son adaptation du roman d’Elizabeth von Arnim, Avril enchanté, fut nominée aux oscars en 1992), la télévision et la radio (écrivant pour la BBC radio trois remarquables séries d’ex­quis mini-monologues, Barnes’ People, qui attirèrent les plus grands noms de la scène britannique : Laurence Olivier, John Gielgud, Alec Guinness, Peggy Ashcroft, Judi Dench et Ian McKellen, pour ne citer que ceux-là).  
Peter Barnes vu par Simon Callow Peter Barnes naquit dans l’East End de Londres il y a près de quatre-vingt ans, et fut employé durant quelques années comme chercheur au British Film Institute. Il accéda soudain à la célébrité avec sa troisième pièce de théâtre, The Ruling Class (La Classe dirigeante), satire féroce de l’aristocratie britannique à la ma­nière jacobéenne. Sa virtuosité théâtrale et son imagination sans borne, qui ne res­semblait à rien de ce qui s’était écrit dans le théâtre britannique de ces trois cents dernières années, forcèrent immédiatement l’attention : la pièce, créée à Notting­ham, triompha dans le West End et laissa présager pour son auteur une carrière au sommet de la profession. Pièce après pièce coulèrent alors de sa plume, toutes d’une audace et d’une invention linguistique remarquables, couvrant la totalité de l’histoire humaine et nécessitant souvent d’énormes distributions : peu de théâtres avaient les moyens de les monter, mais quand ils le faisaient, les résultats étaient sidérants. La Royal Shakespeare Company passa commande à Barnes d’abord de The Bewitched (sur Don Carlos d’Espagne), son chef d’œuvre baroque, puis de Red Noses, Black Death [1]. Dans le cas de cette dernière, il y répondit avec une pièce à la hauteur de The Ruling Class par la brillance, et la dépassant même par le sentiment. En traitant des folles tentatives invraisemblablement couronnées de succès du père Flote pour triompher de la Grand Peste en l’exterminant par le rire, Barnes a mis sur scène l’Europe sinistrée du Moyen Âge, inventant pour ses personnages une langue bizarre qui mêle les tournures archaïques, l’argot contemporain et les plai­santeries de music-hall, créant sur l’éradication de la souffrance une sorte de para­bole si puissante que, lors de sa représentation en Amérique, elle fut — à tort — prise pour une métaphore du sida. Tout à la fois hilarante et profondément émou­vante, son impact en représentation est irrésistible. Comme toutes les pièces de Barnes, elle fait découvrir au public un monde éblouissant et inouï, une vision de la vie humaine qui une fois contemplée ne pourra jamais s’oublier.   Simon Callow, 7 mars 2007
[1]. Titre de la première version.

Autres ouvrages

The Ruling Class (Honni soit qui mal y pense dans la trad. française), Leonardo’s Last Supper, Noonday Demons, The Bewitched, Laughter!, Sunset and Glories, Heaven’s Blessings, Eggs in Gravy, Barnes’ People, etc.